Pornographie : un atelier pour déconstruire les stéréotypes

Partout en France, les centres régionaux d’information et de prévention du sida et pour la santé des jeunes (CRIPS) organisent des ateliers sur le thème de la pornographie. Nous avons assisté à l’un d’entre eux.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Yves Chauvel est animateur prévention au sein du CRIPS.
Yves Chauvel est animateur prévention au sein du CRIPS.

"Si on n’en parle pas, on ne peut pas savoir comment ça se passe. Du coup, on va essayer de trouver des personnes qui ont des images et qui peuvent essayer de nous montrer" : ce jeune homme illustre ainsi sa curiosité et celle de nombreux adolescents comme lui, pour la pornographie. Pour une partie d’entre eux, c’est la seule façon qu’ils ont trouvé pour se faire une idée de la sexualité.

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Poser des questions sans tabou

Mais la fiction étant bien loin de la réalité et empreinte de clichés, des intervenant des centres régionaux d’information et de prévention du sida et pour la santé des jeunes (CRIPS) ont décidé d'agir. Ils organisent des sessions d’information participatives de deux heures dans des salles de classe. Objectif : mettre des mots sur des images choquantes, poser des questions sans tabou.

"Ce qui peut être délétère à mon avis, c’est le fait que certains jeunes vers 11-12 ans peuvent visionner ce genre de films et qu’il n’y ait pas une parole d’adulte qui soit mise dessus pour développement un esprit critique", regrette Yves Chauvel, animateur prévention CRIPS qui intervient ce jour-là devant des jeunes en formation de mécanique.

Performance vs partage

Pendant deux heures, il les informe, les questionne, afin de les pousser à prendre du recul sur certaines idées véhiculées par la pornographie en les dissociant de la réalité. "On ne nous montre pas la sexualité comme un partage mais comme de la performance (…) Cela nous met, à nous les hommes, une sacrée pression, parce qu’on doit toujours être performant", souligne-t-il auprès de ces jeunes afin de libérer leur parole.

Cela fonctionne. Yossef, 17 ans, a déjà pris du recul : "C’est volontaire de faire plus afin que celui qui regarde se dise « waouw », mais en fait quand c’est en vrai c’est pas la même sensibilité, c’est pas le même déroulement que dans un film pornographique".

Près de 79 000 jeunes ont déjà participé à ce type d’échanges. Une approche indispensable quand on sait que 45% des adolescents estiment que les films pornographiques ont pu influencer leur sexualité.