Formule 1 : pourquoi les pilotes craignent pour leur santé ?

Un nouveau règlement, mis en place par la Formule 1 en janvier dernier, inquiète les pilotes automobiles. Pour gagner en rapidité, leurs voitures de course ont été modifiées. Au détriment de la santé des sportifs.

Barbara Silvera-Sonigo
Rédigé le , mis à jour le
Les pilotes de Formule 1 craignent pour leur santé
Les pilotes de Formule 1 craignent pour leur santé  —  Shutterstock

"Je vais chez le kiné avant et après chaque séance, juste parce que mes disques vertébraux souffrent." La douleur et la colère du pilote français Pierre Gasly sont palpables, et partagées avec une partie du paddock de Formule 1. Depuis le début de la saison, les pilotes et le monde du sport automobile partagent leurs inquiétudes sur l'instabilité des nouvelles monoplaces, mettant directement en danger la santé des sportifs.

Depuis le 1er janvier 2022, les voitures ont vu plusieurs de leurs caractéristiques modifiées pour augmenter l’aérodynamisme des engins, et donc leur vitesse. Les voitures sont désormais moins larges, mais aussi plus instables. Une légère modification, qui entraîne secousses, vibrations et chocs pour les pilotes. 

Quels sont les risques ?

Pour Allodocteurs.fr, le Dr Patrice Diacono, de la commission médicale de la Fédération Française du Sport Automobile, et le Dr Alain Chantegret, délégué médical de la Federation Internationale de l'Automobile, nous expliquent les risques possibles sur la santé des pilotes.

"Il faut tout d'abord savoir que les pilotes passent des examens médicaux particuliers et très poussés", souligne le Dr Chantegret. "L'équipe médicale vérifie l'aptitude de ces sportifs de haut niveau sous certaines contraintes, comme des accélérations, des freinages brusques ou des virages. Ils doivent donc avoir une très bonne musculature."

Le Docteur Diacono rappelle la difficulté de conduire ces bolides à une vitesse avoisinant les 340 km/h. "Les risques sont multiples pour les pilotes, au niveau du rachis mais aussi au niveau de l’acuité visuelle", précise-t-il. Les muscles du cou des pilotes sont également sollicités. "Cela permet d'avoir une parfaite tenue du rachis cervical pour que la capacité visuelle soit maintenue, et que la stabilité de la tête du pilote soit optimale."

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Une hernie discale en bout de piste ?

Lors du Grand Prix d'Azerbaïdjan en juin dernier, Lewis Hamilton, septuple champion du monde de Formule 1, a subi de nombreux rebonds, provoquant de fortes douleurs. "Nous avons eu tellement de rebonds que mon dos était tout simplement cassé", s'est plaint le pilote à la fin de la course. 

Concernant Lewis Hamilton, Patrice Diacono insiste : "On l’a vu sortir péniblement de sa voiture. Elle rebondit beaucoup ce qui crée des douleurs au niveau du rachis lombaire". Concrètement, cela peut impliquer sur le long terme des tassements discaux voire des hernies discales. Mais le spécialiste tempère. "Ce sont des sportifs de haut niveau, ils s'entraînent beaucoup et ont une musculature puissante. Ils ne devraient donc pas en arriver à ce stade."

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Un système pour protéger la tête des sportifs

La tête des pilotes est également mise à rude épreuve durant les courses. Le "système Hans" permet de maintenir la stabilité de la tête avec les épaules du coureur. "Ce système permet d’éviter le coup du lapin", explique le Dr Diacono. "Ce dispositif de sécurité est un grand progrès pour la sécurité physique des pilotes pendant la conduite.

Mais des douleurs, comme des torticolis, peuvent toutefois apparaître, précise Alain Chantegret. La faute aux vibrations de l'engin. Les mêmes qui peuvent causer des micro-lésions aux poignets, après plusieurs heures de conduite.

Les dangers du stress

Le stress peut également jouer des tours aux pilotes. L'adrénaline de la course crée une "fatigue physique importante, une dépense musculaire considérable et une altération de l'état physique du pilote", souligne Patrice Diacono. "Ils sont en apnée pendant les courses, et se déshydratent donc énormément."

Même si ce sont des sportifs professionnels, il concourt dans une discipline très exigeante. "On observe une accélération du rythme cardiaque des pilotes durant la course, notamment dû au stress", note le Dr Chantegret. "L'adrénaline augmente également la pulsation cardiaque. Mais les coureurs parviennent à réguler quasi-automatiquement leur rythme cardiaque, car ils sont surentraînés."

Pour nous donner un ordre d'idée de l'augmentation du rythme cardiaque subi par les sportifs, les spécialistes nous rappellent que le rythme cardiaque d'une personne au repos est généralement compris entre 60 et 70 battements par minute. Lors des freinages brutaux, celui des pilotes peut s'élever jusqu'à 200 battements par minute.