Diabète : mesurer sa glycémie en soufflant plutôt qu'en se piquant

Les patients diabétiques contrôlent leur glycémie grâce à un capteur dans le bras ou en se piquant le bout du doigt. Mais un nouveau dispositif beaucoup moins invasif qui s'appuie sur le souffle pourrait changer leur quotidien. Reportage.

Anaïs Plateau
Rédigé le
Diabète : détecter la glycémie grâce au souffle
Diabète : détecter la glycémie grâce au souffle  —  Le Mag de la Santé - France 5

Ce nez électronique est capable d’analyser de toutes petites molécules émises ici par du jus d’orange, des composés organiques volatiles"On retrouve ces composés partout. Ils sont dans les boissons, dans les aliments, dans l'air, mais aussi dans notre corps. Les cellules de notre organisme génèrent ce type de molécules qui sont ensuite expulsées quand nous expirons", explique Sébastien Pelletier, responsable développement produit chez BOYDSense.

Dépister le diabète dans l'haleine des patients

Pour cette petite boîte, c’est le même principe, sauf qu’ici, il faut se concentrer sur l'haleine. Comme pour un éthylotest, il suffit de souffler, des capteurs analysent les composés organiques volatiles en lien avec le glucose et des algorithmes traduisent le taux de glycémie dans le sang en une minute sur l’application du smartphone.

"Les cellules de notre organisme génèrent des composés organiques volatiles qui sont identifiés par notre dispositif et spécifiquement ceux corrélés avec les variations de glucose dans le sang", poursuit Sébastien Pelletier.

Ce boîtier pourrait bien changer la vie de certains diabétiques. Parmi eux, Laurence, diabétique de type 2 depuis cinq ans, elle n’est pas insulinodépendante. Elle doit tout de même vérifier sa glycémie avant et après trois repas par semaine. Et pour cela, elle se pique le bout des doigts.

Rendre le contrôle de glycémie moins pénible

"On voit le petit trou, la goutte de sang qui perle, je la fais sortir et je vais la positionner sur ma languette. Si je veux faire ça dans un restaurant par exemple, je dois apporter ma poubelle, ça éveille la curiosité chez les gens qui sont autour. C'est un geste intime, ce n'est pas quelque chose que j'ai envie de montrer à tout le monde", commente Laurence Dugourgeot, 60 ans.  

Il y a quelques mois, elle a pu tester le boîtier à l’hôpital à Toulouse dans le cadre d’une étude. "Avec un lecteur par le souffle, on peut le faire quand on veut. On évite également d'insensibiliser le bout des doigts, parce que le diabète, c'est à vie donc je sais que j'en ai encore pour un petit moment", poursuit-elle.

Deux millions de diabétiques

L’étude a rassemblé 130 patients diabétiques de type 2 et non-insulinodépendants. Tous sont venus une matinée contrôler leur glycémie par prise de sang, par microponctions au bout des doigts et par le souffle. Les 100 premiers patients ont permis de rôder le dispositif, les 30 derniers de le vérifier. 

"Plus de 98 % des valeurs mesurées étaient corrélées de manière très satisfaisante avec la glycémie veineuse lorsqu'on utilise les grilles dédiées pour ce type d'évaluation, ce qui est un résultat très encourageant pour la poursuite du développement du dispositif", confie le Pr Pierre Gourdy, diabétologue, hôpital Rangueil, CHU de Toulouse.

Cette étude n’était qu’intermédiaire, d’autres doivent encore servir à affiner les mesures. Une fois sur le marché, cet outil pourrait bénéficier à plus de deux millions de diabétiques en France et peut-être servir à dépister à grande échelle le diabète dans la population.