Des scientifiques font “revivre” des cellules et des organes de porcs morts

Une équipe de chercheurs américains a réussi à relancer la circulation sanguine de cellules de porcs décédés dans des organes vitaux comme le cœur, le foie et les reins. Cette expérimentation laisse espérer des utilisations médicales mais soulève des questions éthiques.

Mathis Thomas avec AFP
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Des scientifiques font “revivre” des cellules et des organes de porcs morts
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La mort est-elle un processus “réversible” ? Une équipe de chercheurs basée aux Etats-Unis est parvenue à relancer la circulation sanguine et le fonctionnement de cellules de porcs morts quelques heures auparavant, selon leurs dernières recherches publiées ce mercredi 3 août dans la revue Nature.

En 2019, ces scientifiques avaient stupéfié la communauté scientifique en réussissant à restaurer la fonction cellulaire dans le cerveau de porcs quelques heures après leur décapitation. Ils ont depuis cherché à étendre cette technique à l'ensemble du corps de l'animal.

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Mélange de sang, de médicaments et d'hémoglobine

Pour réaliser cette expérience, les chercheurs ont provoqué une crise cardiaque chez des porcs anesthésiés, empêchant le sang de circuler et privant leurs cellules d'oxygène.  

Au bout d'une heure, ils ont injecté dans les corps morts un liquide contenant le sang des porcs (prélevé de leur vivant), une forme synthétique d'hémoglobine ainsi que des médicaments qui protègent les cellules et empêchent la formation de caillots sanguins.  

Le sang a recommencé à circuler et de nombreuses cellules se sont remises à fonctionner, y compris dans des organes vitaux comme le cœur, le foie et les reins, pendant les six heures suivantes.

Questionnement éthique

"Ces cellules fonctionnaient des heures après alors qu'elles n'auraient pas dû fonctionner. Cela montre que la disparition des cellules peut être stoppée", a déclaré lors d'un point presse Nenad Sestan, auteur principal de l'étude et chercheur à l'Université de Yale. 

L'équipe espère que cette technique, baptisée OrganEx, pourra être utilisée pour "sauver des organes" en prolongeant leur fonctionnement, a-t-il expliqué. De quoi potentiellement sauver la vie de personnes en attente d'une greffe.

Mais cette technique soulève nombre de questions, médicales, éthiques, voire philosophiques. Elle pourrait "accroître le risque que les personnes réanimées soient ensuite incapables de sortir d'un état d'assistance vitale", a alerté Brendan Parent, bioéthicien à la Grossman School of Medicine de l'Université de New York, dans un commentaire publié en parallèle par Nature. 

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