Covid long : quelles sont les personnes les plus à risque ?

Environ 10 à 20 % des malades du Covid développent un Covid long. Des facteurs biologiques mesurables dans le sang pourraient prédire ce risque, selon plusieurs études. Décryptage.

Dr Anne Sikorav
Dr Anne Sikorav
Rédigé le , mis à jour le
Covid long : quelles sont les personnes les plus à risque ?
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Et si le risque de faire un Covid long pouvait se mesurer par une simple prise de sang ? C’est ce que suggèrent plusieurs études parues récemment : il existerait bel et bien des facteurs de risques biologiques qui conduiraient à développer un Covid long.

 
On le sait désormais, un Covid long correspond à l'apparition, ou à la persistance, de symptômes plus d’un mois après l’infection aiguë. 

Matthieu, 42 ans, victime d'un "covid long"
Matthieu, 42 ans, victime d'un "covid long"

Taux de sucre dans le sang, auto-anticorps...

Mais quels sont ces facteurs ? Une première étude américaine, publiée dans la revue Cell, a été menée sur plus de 300 patients infectés par le coronavirus. Dès le stade de l’infection aiguë, les chercheurs relèvent quatre facteurs de risque de développer un Covid long, et qui sont mesurables dans le sang :

- La présence anormale de certains auto-anticorps, des anticorps qui s’attaquent par erreur à leur propre organisme, comme dans le cas des maladies auto-immunes C’est le facteur qui ressort comme le plus important. En effet, d’après l’étude, il serait associé à deux-tiers des cas de Covid long. 

- La charge virale élevée de coronavirus. C’est la quantité d’ARN du virus, c’est-à-dire son matériel génétique, présente dans un volume donné de sang.

- La réactivation d’un autre virus, l’Epstein-Barr-virus, ou "EBV". Ce virus est présent chez 90 % des adultes en bonne santé. S’il est responsable de la "maladie du baiser", la  mononucléose infectieuse, il peut aussi ne donner aucun symptôme et persister à l’état "dormant" chez la personne infectée. Et ce virus pourrait se réactiver chez certains patients infectés par le Covid, peut-être à cause d’une dysfonction du système immunitaire.

- Et enfin, la présence d’un taux de sucre élevé dans le sang, dans le cadre d’un diabète de type 2, le diabète le plus fréquent. 

Mais c’est en réalité encore plus complexe : car ces anomalies biologiques ne sont pas les seules observées. 

Un profil d'anticorps particulier

Dans une autre étude, publiée dans Nature, et réalisée sur 215 personnes (175 infectées et 40 non infectées), des chercheurs Suisses se sont intéressés aux immunoglobulines, des anticorps utilisés par l'organisme pour se défendre une infection. Ils ont montré que le profil d'immunoglobulines différait entre les patients qui développaient un Covid long et ceux qui n'en développaient pas.

Et les scientifiques vont même plus loin, en établissant un score prédictif du risque d’avoir un Covid long. Le  profil d'immunoglobuline mais aussi les anomalies cliniques jouent un rôle dans le calcul de ce score mais ce ne sont pas les seuls éléments étudiés.

Degré de sévérité de l’infection initiale, nombre élevé de symptômes lors de l’infection aigüe, ou encore nécessité d'hospitalisation sont aussi liés à un risque accru de développer un Covid Long. L’âge, comme la présence de comorbidités sont également pris en compte.

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En pratique, que faut-il en penser ?

Il faut rester prudent face à ces résultats. Des études supplémentaires sont nécessaires. D'abord parce qu'il s‘agit de premières données, obtenues sur un petit nombre de patients. Ensuite, parce que le suivi de certaines études est parfois trop court pour évaluer les conséquences d’un Covid long : on ne connaît pas encore bien les modalités de récupération à long terme. 

Enfin, même si on met en évidence des associations entre une anomalie et un Covid long, cela ne veut pas forcément dire qu’un lien de cause à effet relie les deux. Autrement dit, vous pouvez être grand et aimer manger des pommes, mais ce n’est pas parce que vous mangez des pommes que vous êtes grand…

Les facteurs de risque de Covid Long ne sont pas, à ce jour, clairement identifiés. Ce qui reste très important à souligner, c’est que ces facteurs seraient détectables dès le stade aigu de l’infection. On espère ainsi potentiellement agir de manière précoce, en donner par exemple très tôt un traitement antiviral chez les patients à risque de développer un Covid long.