Connaissez-vous la tanorexie, l'addiction au bronzage ?

Quel plaisir de sentir la chaleur du soleil sur sa peau ou de voir sa peau brunie par les UV… Mais attention, ce plaisir peut se transformer en addiction au bronzage : c'est la tanorexie.

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
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Les personnes qui souffrent de tanorexie profitent du moindre rayon pour s'exposer.
Les personnes qui souffrent de tanorexie profitent du moindre rayon pour s'exposer.  —  Shutterstock

Vous n'êtes jamais assez bronzé ? Vous passez beaucoup de temps ou dépensez beaucoup d'argent pour être toujours plus bronzé ? Vous souffrez peut-être de tanorexie, l'addiction au bronzage.   

Elle n'est pas reconnue dans les grandes classifications internationales comme la CIM-10. Mais de plus en plus d'études se penchent sur cette potentielle addiction comportementale.      

Qu'est-ce que la tanorexie ?

Quelle que soit la période de l'année, les personnes dépendantes au soleil profitent du moindre rayon pour s'exposer. Leur bronzage devient même une obsession autour de laquelle tourne leur vie.   

Elles se sentent euphoriques lors d'une séance de bronzage, qu'elle ait lieu à l'extérieur ou en cabine UV, et en constatant la coloration bronzée de la peau. Cela va même plus loin : le bronzage augmente leur confiance en elles, elles se sentent plus heureuses et plus belles.

Les personnes addict sont persuadées des bénéfices d'une exposition au soleil, aussi bien sur le moral que sur leur corps (avec la production de vitamine D par exemple) ou sur leur apparence.

Elles font passer ces bénéfices bien avant les risques liés au soleil, comme le vieillissement prématuré de la peau et les cancers cutanés dont les redoutables mélanomes.   

La prévalence de l'addiction au bronzage serait de 4% dans la population générale. Mais elle grimperait à 33% chez les personnes qui fréquentes les cabines à UV.  

D'après l'Académie de médecine, elle toucherait plus souvent les femmes entre 15 et 35 ans, souffrant d'une mauvaise image corporelle. Elle serait aussi davantage associée à de l'anxiété ou à une dépression.

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Quels symptômes doivent inquiéter ?

La tanorexie présenterait les mêmes caractéristiques que les autres addictions, d'après plusieurs études

Premier signe, une perte de contrôle : vous êtes incapable de restreindre votre exposition, même en connaissant les risques. Vous organisez votre vie quotidienne autour de cela, qu'il s'agisse de bronzer en terrasse, de faire une séance UV ou de partir en vacances dans un pays très ensoleillé.   

Vous pouvez avoir besoin de vous exposer plus longtemps et/ou plus souvent pour avoir les mêmes bénéfices. C'est ce que l'on appelle la tolérance : votre corps s'habitue et demande plus.   

Enfin, vous avez beaucoup de difficultés à arrêter de bronzer, cela vous stresse ou vous angoisse. Si vous ne vous exposez plus au soleil, ou plus assez souvent, vous vous sentez mal. Ce sont des symptômes de sevrage.       

Comment expliquer la tanorexie ?

L'exposition au soleil n'entraine pas seulement la production de mélanine, ce pigment qui colore notre peau. Elle stimule aussi la production d'endorphines, les hormones du bien-être.   

Des facteurs génétiques pourraient même entrer en jeu d'après une étude : certains gènes codant pour des récepteurs à la dopamine (DRD2 dopamine receptor) seraient à plus haut risque d'addiction chez les utilisateurs de cabines à UV.       

Pourquoi est-ce dangereux ?

Outre ces risques, une étude de la Yale school of public health montre que les personnes souffrant d'addiction au bronzage ont six fois plus de risque d'être dépendantes à l'alcool et trois fois plus de risque de souffrir d'une dépression saisonnière.   

D'après la même étude, elles pourraient également présenter cinq fois plus de risques d'avoir une addiction à l'exercice physique, appelée bigorexie.

Comment soigner la tanorexie ?

La première étape est de prendre conscience de cette addiction, alors que le déni est très fréquent. La prise en charge est ensuite la même que celle des addictions comportementales et se fait auprès d'un addictologue. Les thérapies comportementales et cognitives (TCC) sont souvent d'une grande aide.   

Il est impossible de se priver totalement du soleil ; l'important est d'aider la personne à prendre conscience des risques d'une exposition au soleil excessive et d'adopter une exposition plus modérée, en se protégeant suivant les recommandations en vigueur, avec de la crème solaire, des vêtements et en restant à l'abri des UV aux heures les plus ensoleillées de la journée.

Cabines de bronzage : quels dangers ?
Cabines de bronzage : quels dangers ?  —  Le Magazine de la Santé - France 5