Cancer du col de l’utérus : on vous dit tout sur son dépistage

Le cancer du col de l’utérus touche près de 3.000 femmes par an en France. Grâce au dépistage, 90% des cancers du col de l’utérus peuvent être évités. Mais en quoi consiste-t-il ? Quand et à quelle fréquence doit-il être réalisé ?

Dr Anne Sikorav
Dr Anne Sikorav
Rédigé le , mis à jour le

Et si, même sans symptômes, vous aviez déjà un cancer du col de l’utérus débutant ? C'est ce que le dépistage du cancer du col cherche à savoir, en détectant la présence de cellules pré-cancereuses ou cancéreuses débutantes. L'objectif : intervenir à un stade précoce, le plus tôt possible.

Mais ce n'est pas tout. Le dépistage va aussi traquer la première cause de cancer du col : la présence des virus HPV, les "papillomavirus humains". Ces virus sont très fréquents, et se transmettent le plus souvent lors de rapports sexuels. Dans 90% des cas l’infection HPV disparaît. Mais dans les 10% restants, elle peut persister et provoquer des lésions à risque d’évoluer en cancer du col.

En quoi consiste le dépistage ?

Il est effectué grâce au fameux "frottis", un prélèvement fait au niveau du col de l’utérus lors de la consultation gynécologique. Au laboratoire, le médecin va ensuite rechercher la présence des cellules anormales (c’est "l'examen cytologique"), et du virus HPV (le "test HPV") sur ce prélèvement.  

Faut il s’inquiéter quand un test de dépistage est "positif ou anormal" ? Non, cela ne signifie pas qu’il y a un cancer mais seulement que des cellules anormales et/ou le virus HPV ont été retrouvés. D’autres examens doivent être alors réalisés.    

Qui est concerné ?

Le dépistage du cancer du col de l'utérus est recommandé à toutes les femmes, entre 25 ans et 65 ans, même en l’absence de rapports sexuels. On peut aussi réaliser le test en étant enceinte. 

Pourquoi le dépistage ne s’effectue que dans cette tranche d’âge ? Car l’infection HPV se fait le plus souvent au début la vie sexuelle, et que le cancer du col se développe très lentement, jusqu’à 10 à 20 ans après une infection à ce virus. C’est donc la période entre 25 et 65 ans qui est la plus à risque. 

Avant 25 ans et après 65 ans, ces cancers du cols sont rares et c'est votre médecin qui décide au cas par cas de la nécessité de faire ou non un dépistage. 

Le dépistage n’est pas la seule arme de prévention disponible contre les cancers du col. En effet, depuis 2007, un vaccin anti HPV peut être réalisé chez toutes les jeunes filles de 11 à 14 ans, avec un rattrapage possible jusqu'à'à 19 ans. Mais la vaccination ne protège pas contre tous les HPV liés au cancer du col de l’utérus : vaccinées ou non contre l’HPV, il faut toujours faire les dépistages.    

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A quelle fréquence faire le dépistage  ?

Doit-on refaire un frottis tous les ans, deux ans, trois ans … ?  Difficile de s’y retrouver !
En réalité, les modalités du dépistage ont changé depuis juillet 2019 : désormais la Haute Autorité de santé (HAS) recommande que le test HPV, plus efficace pour les patientes de 30 à 65 ans, remplace l’examen cytologique.

Le dépistage varie donc selon la tranche d’âge : 

- De 25 à 29 ans : deux frottis avec examen cytologique à un an d’intervalle sont recommandés, puis on passe à tous les trois ans si les résultats des deux premiers sont normaux ; 

- De 30 à 65 ans : il est recommandé de réaliser un frottis avec test HPV tous les cinq ans, à débuter trois ans après le dernier examen cytologique normal, ou dès 30 ans si aucun dépistage n'a été réalisé auparavant.

Depuis 2018, un programme national de dépistage du cancer du col de l’utérus a été mis en place. Les femmes non dépistées selon le rythme recommandé reçoivent à leur domicile un courrier d’invitation au dépistage.

Pourquoi ne pas dépister plus fréquemment ?

Ce dépistage, s’il est fait plus fréquemment que les intervalles recommandés, peut conduire à un risque de sur diagnostiquer et sur traiter des lésions du col de l’utérus qui auraient régressé spontanément… De quoi occasionner du stress et un traitement inutiles. 

Enfin, autre point important : le dépistage n’est pas tout. Il ne faut pas oublier qu'un suivi gynécologique régulier est nécessaire à tout âge. De plus, en cas de de douleurs inexpliquées ou de saignements après les rapports sexuels ou entre les règles, il faut aussi consulter.