Plaidoyer pour plus de culture scientifique dans les médias
Un rapport parlementaire préconise la diffusion de programmes télévisés courts, quotidiennement et à des horaires de grande écoute, pour mieux promouvoir la culture scientifique et technique en France, à l'image de ce que fait l'émission "D'art d'art" pour la culture artistique. A quand trois minutes d'Allô docteurs avant le journal de 20 heures ?
Il serait bon de "diffuser, avant le journal télévisé, une émission d'environ trois minutes sur un sujet scientifique, technique ou industriel sur le modèle de l'émission D'art d'art, ainsi qu'un programme pour les enfants, court et ludique, à un horaire approprié", écrit l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst).
Un tel format existe déjà en Allemagne, où de jeunes chercheurs disposent ainsi de trois minutes pour expliquer leur travail au public, relève l'Opecst.
Autre idée venant d'outre-Rhin, la diffusion d'une émission télévisée de financement participatif ("crowdfunding") pour des projets innovants de chercheurs en mal de fonds.
Parmi les 85 recommandations du rapport consacré aux "cultures scientifique, technique et industrielle" (CSTI), dont beaucoup pourraient selon eux être rapidement mises en oeuvre et avec un coût limité, les parlementaires souhaitent aussi la création d'un portail internet spécialisé regroupant l'ensemble des émissions scientifiques diffusées par les chaînes publiques, à l'instar de ce qui existe en Grande-Bretagne.
D'après les informations obtenues par les rapporteurs de l'Opecst, la chaîne numérique que la Royal Institution a mise en place à Londres "connaît un vif succès et contribue efficacement à développer le goût des sciences auprès des élèves britanniques, mais aussi d'élèves étrangers" qui peuvent s'y connecter.
Plus globalement, le rapport juge souhaitable d'accentuer la formation initiale des journalistes dans les domaines scientifiques et techniques, "car sinon la tentation pour les médias est grande de faire dans le sensationnalisme et d'épouser des théories conflictuelles existant dans la société", au détriment de la justesse de l'information, a résumé l'un des auteurs du rapport, le sénateur Jean-Pierre Leleux (UMP).
Cette élévation du niveau scientifique des journalistes "pourrait jouer un rôle d'apaisement plutôt que d'excitation des opposés" et contribuerait à son tour à la formation du grand public, estime-t-il.
Les principales mesures à prendre pour faire des CSTI une "priorité nationale" concernent toutefois le système éducatif lui-même, pour assurer "la formation des enfants et des adultes qu'ils deviendront", insistent les rapporteurs.
A ce titre, les cultures scientifiques, techniques et industrielles devraient faire l'objet d'un enseignement spécifique dans le cursus de formation des enseignants et dans leur formation continue, particulièrement en matière de pédagogie par l'expérimentation, relève la députée Maud Olivier (PS), co-auteur du rapport.