Histoire de la médecine : la saga de l'aspirine

L'aspirine est l'anti-douleur le plus connu dans le monde. Il y a ceux qui vantent ses multiples vertus et d'autres qui mettent en garde contre ses effets secondaires. Mais saviez-vous que l'usage de l'aspirine remonte à l'Antiquité ?

La rédaction d'Allo Docteurs
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L'aspirine est un médicament qui a été utilisé sous sa forme naturelle dès l'Antiquité.
L'aspirine est un médicament qui a été utilisé sous sa forme naturelle dès l'Antiquité.
Planche de 1885 présentant les feuilles et les fleurs du saule blanc (Flora von Deutschland, Österreich und der Schweiz, 1885)
Planche de 1885 présentant les feuilles et les fleurs du saule blanc (Flora von Deutschland, Österreich und der Schweiz, 1885)

À l'origine des comprimés d'aspirine, il y a l'écorce de saule et plus de 4.000 ans d'histoire. Les toutes premières traces de son utilisation viennent d'un papyrus égyptien, puis de la Grèce antique et d'Hippocrate. On prenait alors l'aspirine en décoction pour lutter contre les douleurs de l'enfantement.

Dioscoride, un médecin grec, a décrit ses propres préparations comme l'explique Olivier Lafont, président de la société d'histoire de la pharmacie : "Dioscoride utilisait lui aussi l'écorce de saule pour les douleurs auriculaires. Pour cela, à l'écorce de saule ou au suc de l'écorce de saule, il ajoutait de l'écorce de grenade en poudre et du miel rosat".

Au Moyen-Âge, l'écorce de saule continuera de traiter douleurs et inflammations. Beaucoup l'utilisent très simplement : "Le saule était très répandu. Et les personnes utilisaient en particulier les petits trous qu'il pouvait y avoir dans l'écorce pour mettre leurs doigts et récupérer le suc qu'ils consommaient ensuite".

L'écorce salvatrice retombe dans l'oubli durant quelques siècles, avant de réapparaître pour soigner les fièvres en 1753 grâce à un révérend anglais, Edward Stone : "Il pense que si le saule pousse les pieds dans l'eau, il doit pouvoir servir au traitement des maladies causées par l'humidité et le froid, et donc les fièvres".

Le XIXe siècle est marqué par le développement de la chimie et des laboratoires. Un Français, Pierre-Joseph Leroux, isole le principe actif de l'écorce de saule : la salicyline. Puis des scientifiques allemands et italiens développent l'acide salicylique, future aspirine. Les méthodes sont complexes et il faut encore trouver un moyen de se passer de l'écorce de saule : "on va mimer ce que fait la nature pour arriver à fabriquer une molécule comparable, explique Olivier Lafont, et cela a été l'œuvre de Kolbe qui a trouvé une méthode permettant en faisant réagir le phénol avec le gaz carbonique, d'obtenir de l'acide salicylique".

L'usage de l'acide salicylique se répand sous forme de sel pour traiter fièvre, douleurs, rhumatismes mais il provoque des brûlures d'estomac. En 1853, Charles-Frédéric Gerhardt fabrique l'acide acétylsalicylique moins corrosif. Trente ans plus tard, l'histoire s'accélère. Chez Bayer, un laboratoire allemand, le chimiste Félix Hoffmann reprend ses recherches et dépose un brevet : l'aspirine est née.

Bayer développe sa production en France, aux Etats-Unis et partout les ventes explosent. Au cours du XXe siècle, le précieux médicament entre dans les pharmacies de tous les ménages, et ce dans le monde entier. Depuis, l'usage de l'aspirine s'est élargi notamment aux maladies cardiovasculaires. Aujourd'hui chaque année, 40.000 tonnes d'aspirine sont produites dans le monde.

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