Grippe aviaire, un virus sous surveillance

Une souche du virus de la grippe aviaire provoque une épidémie de pneumonie, et a déjà tué 162 bébés phoques sur les côtes Nord-Est des Etats-Unis. Baptisé H3N8, ce virus est surveillé de près par les chercheurs, inquiets de ses capacités de transmission. L’homme pourrait-il être la prochaine cible ? 

La rédaction d'Allo Docteurs
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Grippe aviaire, un virus sous surveillance

Ce sont des plagistes et des surfeurs de la côte américaine qui ont signalé depuis septembre dernier, la présence de cadavres de phoques. Alertés, des scientifiques de la Columbia University de New York ont effectué des autopsies sur cinq cadavres et  procédés à des analyses microbiologiques. Le résultat vient d’être publié dans le mBio : le journal de la Société américaine de microbiologie.

Un coupable viral

Les animaux retrouvés morts ne présentaient aucun signe de malnutrition. En revanche, des ulcérations de la bouche et des signes pulmonaires ont été notés. L’analyse microbiologique a prouvé la présence d’un virus grippal. Le séquençage de son génome (lecture de l’ADN) a révélé que le responsable était une variante du virus H3N8, l’un des  16 sous-types du virus de la grippe aviaire. Moins connus que H5N1, H3N8 cible habituellement les chevaux et les chiens, et jusqu’alors il était considéré comme moins pathogène. 

Passage des oiseaux vers les mammifères

Les auteurs de l’article rapportent que depuis 2002, un virus similaire au H3N8 circulait dans les populations d’oiseaux sauvages nord-américaines. Depuis, 37 mutations ont été dénombrées sur ce virus, ainsi que sur H5NI. Ce sont notamment les gènes permettant l’entrée dans l’organisme qui ont mutés. Le virus H3N8 a acquis la capacité de se fixer sur un récepteur (SAα-2, 6) présent dans les voies respiratoires des mammifères. C’est ce qui lui a permis de traverser la barrière de l’espèce et de passer des oiseaux aux phoques. Or, ces récepteurs sont aussi présents dans les voies respiratoires des humains. C’est précisément ce qui inquiète les chercheurs.

Surveillance accrue

D’après Ian Lipkin, professeur d'épidémiologie à l'Université de Columbia. " Toute épidémie chez des animaux domestiques ou touchant des animaux sauvages représente un danger pour les espèces touchées, mais pourrait également être potentiellement dangereuse pour l'homme (…) Nos découvertes renforcent l'importance de surveiller la vie sauvage pour pouvoir anticiper et prévenir des pandémies".

Pour l’heure, la maladie ne semble pas se transmettre d’un phoque à l’autre et aucun cas humain n’est apparu.

Source : "Emergence of Fatal Avian Influenza in New England Harbor Seals", mBio, le 31 juillet 2012. Doi : 10.1128/​mBio.00166-12

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