Des eaux minérales contiennent des résidus de médicaments et de pesticides

Une étude réalisée par le magazine 60 millions de consommateurs et la fondation France Libertés révèle la présence de traces de pesticides et de plusieurs traitements, dans des eaux en bouteilles et de l'eau du robinet. Ses auteurs ne pointent aucun risque spécifique, mais demandent de nouvelles normes de qualité.  

Géraldine Zamansky
Rédigé le
Des eaux minérales contiennent des résidus de médicaments et de pesticides

85 molécules potentiellement toxiques ont été recherchées dans 47 bouteilles d’eau, trois bonbonnes et une dizaine d'échantillons prélevés au robinet dans trois départements. Les bouteilles ont même été contrôlées deux fois après les contestations des marques touchées... Et les résultats sont doublement confirmés pour 10 marques d'eaux minérales et de source, théoriquement caractérisées par leur "pureté originelle" selon le Code de la santé publique.

L'étude publiée dans le dossier "Eau et Santé" du magazine 60 millions de consommateurs d'avril 2013 révèle la présence de teneurs infimes de tamoxifène, un traitement hormonal du cancer du sein dans la Mont Roucous®, Saint-Yorre®, Salvetat®, Saint-Amand® (Du Clos de l'abbaye) et Carrefour Discount® (Céline Cristaline). Les doses détectées représentent au maximum "0,001 % de la dose habituelle pour un traitement en buvant 1,5 litre".  Des traces de vasodilatateurs (buflomédil et naftidrofuryl) ont aussi été mises au jour dans la Saint-Amand® et l'Hepar®. 

Double source d'inquiétude

L'autre source d'inquiétude, c'est la découverte de pesticides, et plus précisément de désherbants interdits depuis 2001, dans les bouteilles de Vittel® (Grande source),  Volvic® (Clairvic), Cora® (Saint-Pierre) et Cristaline® (Louise). 

Là encore, les quantités sont très faibles, mais entrent en contradiction avec la définition même de l'eau minérale dont la nature et la pureté doivent être "conservées intactes en raison de l'origine souterraine de cette eau qui a été tenue à l'abri de tout risque de pollution", selon l’article R1322-2 du Code de la santé publique. Ce texte précise que "ces caractéristiques doivent avoir été appréciées sur les plans géologique et hydrogéologique, physique, chimique, microbiologique et, si nécessaire, pharmacologique, physiologique et clinique"…

Des perturbateurs endocriniens dans les bonbonnes d'eau

Tamoxifène et pesticides ont également été retrouvés dans les échantillons d'eau du robinet. Et enfin, alors qu'ils étaient absents de toutes les autres analyses, des perturbateurs endocriniens ont été identifiés dans des bonbonnes utilisées dans les entreprises. Il s'agit plus précisément d'un phthalate dans l'eau potable naturelle Obio® et de bisphénol A dans l'eau de boisson Culligan® Val de Marne.

"Le degré de relargage de bisphénol A dans l'eau pourrait s'accroître au fil des réutilisations", explique 60 millions de consommateurs "sachant qu'une bonbonne de cette marque a une durée de vie de 30 à 40 rotations." Les bonbonnes de Culligan® contiendraient aussi un retardateur de flamme (produit très utilisé dans le bâtiment et les textiles), également soupçonné d'avoir un impact sur la fécondité et même des traces de pesticides..

Les auteurs de l'étude en appellent donc aux pouvoirs publics pour qu'ils réalisent des analyses à plus grande échelle et des études quant aux effets potentiels sur la santé de ces micropollutions. Sans oublier de réfléchir à la validité des normes qui définissent aujourd'hui la qualité des eaux minérales et de sources.

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