Pourquoi les régimes restrictifs ne fonctionnent pas ?

Vous êtes phobique des régimes, vous ne voulez plus vous frustrer, calculer les calories, vous interdire de bonnes choses, vous ne voulez pas prendre du poids en faisant n'importe quoi... Laurence Haurat, psychologue-nutritionniste vous aide à ne pas culpabiliser et à vous sentir en phase avec vous-même.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Crédit photo : ©Fotolia - Vidéo : "Psy : pourquoi les régimes restrictifs ne marchent pas ?", chronique de Laurence Haurat, psychologue nutritionniste, du 6 novembre 2018
Crédit photo : ©Fotolia - Vidéo : "Psy : pourquoi les régimes restrictifs ne marchent pas ?", chronique de Laurence Haurat, psychologue nutritionniste, du 6 novembre 2018

Effet yo-yo, carences, déprime... Ce qu'on perd parfois quand on fait un régime, c'est du temps, de l'énergie. En revanche, on peut gagner de l'irritabilité, de la fatigue, sans parler des kilos qu'on reprend une fois le régime miracle terminé ! Les patients sont nombreux à se plaindre de ces trop nombreux régimes, du fait qu'ils n'y croient plus, qu'ils se sentent nuls parce qu'ils finissent toujours par re-craquer.

En général, ils ont tout essayé : le régime Atkins, le hyperprotéiné, Montignac, celui à index glycémique bas, le régime cétogène, ils ont été suivis par des médecins, des diététiciens, ils ont fait des cures... Bref, ils n'en peuvent plus ! Et si les résultats peuvent parfois être bons avec des dizaines, voire des centaines de kilos perdus, ces derniers ont tendance à être vite repris...

Pourquoi est-il difficile de stabiliser son poids après un régime ?

Le régime s'appuie toujours sur une logique de restriction, de privation, d'exclusion d'aliments donc il repose sur de la frustration. Cette frustration fait le lit de lâchage lorsque la volonté s'amenuise au fil des semaines ou lorsque les circonstances s'y prêtent. On finit par craquer sur des tablettes de chocolat, des paquets de gâteaux ou de gros morceaux de fromage avalés rapidement avec beaucoup de culpabilité.

Quelle place pour les féculents ?

Avant de chercher des causes d'ordre psychologique, il faut regarder quelle place occupent les féculents (pain, céréales ou légumes secs). La plupart des personnes qui ont fait beaucoup de régimes, ont fini par limiter au maximum la place des féculents dans leur alimentation car manger des pâtes ou du pain fait grossir. Mais contrairement à la mauvaise réputation qui leur est faite, ces féculents, indispensables au bon fonctionnement du cerveau, des globules rouges et des muscles, permettent d'assurer un fonctionnement optimal du corps.

Leur présence régulière, à chaque repas, évite les crises de grignotage intempestif. C'est ce qui arrive à des personnes qui ont mangé un petit bout de pain pour le petit-déjeuner, n'en ont pas pris à midi parce qu'elles contrôlent ce qu'elles mangent, ont eu faim vers 17 heures mais ont refusé d'entendre ce besoin. Vers 18 ou 19 heures, quand elles arrivent chez elles et que le repas n'est pas prêt, elles se jettent sur n'importe quoi, dans une frénésie alimentaire qui marie hypoglycémie, fatigue de fin de journée, baisse de la volonté et besoin de se réconforter ou de compenser son stress de la journée.

Des raisons plus émotionnelles de manger ?

Parce que nous avons des journées compliquées et bien remplies, nous avons tendance à chercher dans l'alimentation un réconfort, un regain d'énergie pour continuer à fonctionner, ou une compensation à un mal-être. Dans ce cas, il convient de se poser quelques questions :

  • dans quel état émotionnel, affectif, suis-je ?
  • qu'est-ce j'attends de ce que je vais manger ?
  • quel bénéfice j'en espère ?

Avec ces questions, il est possible de mieux cerner le résultat attendu. A savoir :

  • ça va me détendre
  • ça va me faire du bien, me consoler
  • ça va m'apporter un peu de plaisir, je l'ai bien mérité
  • je suis trop énervé(e), il faut que je mange pour me venger sur quelque chose
  • je m'ennuie, ça va m'occuper...

Une fois que l'on est au clair sur le bénéfice, on peut se poser une autre question : "Si manger est censé désennuyer, a-t-on des chances que cela arrive ?" Ou alors : "Si cela est censé permettre de détourner l'attention d'un problème pour lequel on a pas la solution, cela va-t-il résoudre le problème en question ?". Si la réponse est négative, on pourra trouver d'autres moyens de se faire du bien puisque le fait de manger ne sera pas efficace. C'est une manière de se remettre en phase avec soi, de prendre conscience des raisons qui nous poussent à manger et de faire le tri entre une alimentation réconfort, plaisir ou une alimentation culpabilisante.

Peut-on manger du chocolat ?

Si on pense que le chocolat va aider à améliorer notre état de tension interne, la réponse est OUI. Dans le grignotage ou la compulsion il y a un geste automatique, le fait de prendre conscience des raisons qui nous poussent à manger exclut cet automatisme. La conscience de soi reprend le dessus, l'état dans lequel on se trouve également et donc on sait ce qui va faire plaisir ou pas.

Lorsqu'on se limite à manger seulement les choses qui font du bien et qu'on en mange en juste quantité, les quantités mangées sont très inférieures à celles ingérées lorsqu'on mange de manière automatique, en tentant d'oublier ce qu'on est en train de faire et en se disant qu'on est nul et qu'on ne devrait pas manger ainsi.

L'idée centrale est de savoir pourquoi on mange ce qu'on mange et ce qu'on en attend comme bénéfice. Le problème n'est plus ce que l'on mange, mais pourquoi on le mange et quel plaisir on en obtient. Lorsqu'on propose ce postulat de départ aux patients, cette prescription de trouver le juste réconfort dans l'alimentation, ils l'accueillent joyeusement. Cela est bien plus positif que de compter des calories ou s'interdire de manger des choses qu'on aime sous prétexte qu'elles font grossir.