Alerte à la leptospirose à la Réunion

Sur l’île, 119 signalements ont été recensés depuis le début de l’année et deux personnes sont décédées. Cette maladie, souvent transmise par l’urine des rongeurs n'épargne pas la métropole.

Céline Martel
Rédigé le
La leptospirose : une maladie d'eau douce
La leptospirose : une maladie d'eau douce  —  Magazine de la Santé

Eric Deguil est quadruple champion du monde de kayak extrême. Il est dans son élément avec les rapides, la vitesse, l'adrénaline et s’entraîne trois fois par jour pour retrouver son meilleur niveau. Mais ce grand sportif revient de loin, il y a trois mois, il a été hospitalisé avec une très forte fièvre. 

"Je suis monté à quasiment 42. À ce moment-là, j’étais hors de moi mentalement. J’avais l'impression qu’on me brûlait la peau, qu’on m'arrachait mes cheveux. J’avais des sacs de glace régulièrement changés tout autour de moi. J’étais dans un lit comme avec une couverture de glace. Il n’y avait que ça qui calmait un peu les choses", explique Eric Deguil, champion de kayac extême..  

Eric Deguil est atteint d’une forme grave de la leptospirose, une maladie bactérienne qui s’attaque à ses reins et à son foie. Heureusement, un traitement antibiotique existe. La fièvre tombe, commence alors une longue convalescence.

600 formes graves chaque année en France

"Pendant près de trois semaines, j’étais dans une complète léthargie, je dormais 16 h à 17h par jour, quasiment tout le temps. Je me levais simplement pour manger et avoir un semblant de vie sociale. Mais conduire n'était pas possible, avoir une attention de plus d’une heure, était le bout du monde", confie Eric Deguil.

La leptospirose se contracte généralement dans un environnement humide contaminé par des urines d’animaux infectés. Eric fait rapidement le lien avec son lieu d'entraînement.

"J’ai dû contracter la leptospirose en marchant dans cette eau, en étant pied nu, par le biais d’une coupure, d’une cicatrice. J’ai toujours des cales aux mains. Est-ce que c’est par les oreilles, les yeux, est-ce que j’ai avalé un peu d’eau ? Je ne sais vraiment pas,", s'interroge Eric Deguil.  

600 formes graves sont recensées chaque année en France, c'est un chiffre qui a doublé en cinq ans. 

"Cela s'explique par le réchauffement climatique, avec des hivers plus doux qui favorisent la multiplication des espèces invasives porteuses de la maladie comme les ragondins ou les rats en ville. Il y a également de plus en plus de personnes qui pratiquent des activités aquatiques. Ce sont ces trois facteurs qui favorisent l’augmentation des cas de leptospirose", explique le Dr Mathieu Picardeau, responsable du centre national de référence de la leptospirose.

Un enjeu de santé publique

Pour endiguer cette maladie, certains se mobilisent, Paul Garcia piège sans relâche les ruisseaux infestés de ragondins, une espèce invasive qui envahit les campagnes françaises.

"Dans ce trou, il peut y avoir 10 voir 15 ragondins. Des trous comme ça, il y en a tous les 200 m. Il y a des départements où c’est encore pire.", explique Paul.

Il a perdu un voisin à cause de la leptospirose. "C’est important de piéger ce ragondin parce que dans ce département, il y a 70 % des ragondins qui sont porteurs de la leptospirose. Quand les trois-quarts des ragondins sont porteurs de cette maladie, on ne joue pas.", précise Paul Garcia. 

Chaque année, des centaines de milliers de ragondins sont abattus dans toute la France. C'est une lutte de bénévoles aux moyens dérisoires.