Vers une pénurie de certains médicaments ?

Depuis plusieurs mois, les alertes de ruptures de stocks se multiplient. Les Français doivent parfois faire plusieurs pharmacies pour trouver certains médicaments. Cela peut aller de l'antiallergique aux traitements contre le sida. Faut-il craindre une pénurie de médicaments ? Comment parer aux ruptures d'approvisionnement ? L'Académie de pharmacie alerte et publie une série de recommandations pour y remédier.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Vers une pénurie de certains médicaments ? Reportage vidéo du 18-10-2012 de Dominique Tchimbakala
Vers une pénurie de certains médicaments ? Reportage vidéo du 18-10-2012 de Dominique Tchimbakala

Tous les jours en pharmacie, des produits commandés ne sont pas livrés. Depuis plusieurs mois, beaucoup de médicaments sont introuvables en pharmacie. Des génériques, dont la demande a fortement augmenté, mais aussi des anticancéreux ou des traitements contre le sida.

Selon l'Académie de pharmacie, chaque jour, 5% des médicaments commandés par les pharmaciens de ville sont en rupture de stock, avec la moitié des interruptions dépassant les quatre jours.

"C'est un phénomène mondialisé et qui s'est aggravé ces dernières années. Tous les jours, il nous manque un ou plusieurs médicaments et le plus étonnant, c'est que cela peut toucher n'importe quel type de médicaments. Un jour il s'agit d'un vaccin, le lendemain d'un antibiotique ou d'un psychotrope", explique Philippe Liebermann, pharmacien à Strasbourg et vice-président de la fédération des syndicats pharmaceutiques de France, dans un entretien à l'AFP.

A quoi sont dues ces ruptures de stocks ?

Pour l'Académie de pharmacie, ces pénuries sont le résultat de problèmes et de blocages à tous les stades de la chaîne du médicament.

Il peut s'agir d'une difficulté d'approvisionnement en matières premières pharmaceutiques, d'autant plus difficile à compenser que 60 à 80% des principes actifs sont aujourd'hui fabriqués hors d'Europe, principalement en Inde et en Chine, contre 20% il y a trente ans.

Pour éviter cette dépendance, l'Académie préconise "d'engager une politique volontariste de relocalisation" de la fabrication des principes actifs jugés "stratégiques" et "indispensables à la santé publique", notamment ceux pour lesquels il n'existe qu'un seul fabricant mondial. Au-delà de la disponibilité, l'Académie s'inquiète également de la qualité des matières premières actives importées et propose la mise en place d'un répertoire européen, recensant tous les sites de fabrication et de contrôle, avec l'historique des ruptures d'approvisionnement et des inspections.

Les laboratoires fabriquent et vendent aux grossistes répartiteurs. Lesquels commercialisent auprès des officines (pharmacies de ville) et des établissements de santé (hôpitaux, cliniques, etc.). En cas de rupture chez le grossiste, le laboratoire peut directement approvisionner pharmacies et hôpitaux. Seule inconnue : la part exportée par les laboratoires et les grossistes répartiteurs. Les prix des médicaments sont en général plus élevés qu'en France et donc plus rentables pour les fabricants ou les répartiteurs. Cela pourrait aussi expliquer les ruptures de stocks.

Pour pallier ce déséquilibre, l'Académie de pharmacie préconise d'interdire l'exportation des médicaments sans équivalent thérapeutique "nécessaires aux besoins nationaux", pour empêcher que ceux-ci ne soient vendus à l'étranger.

Droit de substitution

Enfin, pour faciliter la tâche des pharmacies, l'Académie évoque la mise en place d'un droit de substitution des traitements par le pharmacien, à l'instar de ce qui se passera bientôt au Québec.

Selon une loi qui entrera en vigueur en juin 2013, les pharmaciens québecois pourront en effet substituer le médicament manquant par une autre molécule de la même classe thérapeutique sans passer par le prescripteur.

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