Thalidomide : 50 ans plus tard, les excuses du fabricant aux victimes

Dix mille. C'est le nombre d'enfants victimes de la thalidomide, cette molécule commercialisée dans les années 1960 pour soigner les nausées des femmes enceintes. Le 31 août 2012, le fabricant allemand a présenté ses premières excuses aux milliers d'enfants touchés de malformations.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Thalidomide : 50 ans plus tard, les excuses du fabricant aux victimes
Martine Olivier, porte-parole de l'association Victimes de la thalidomide de Belgique
Martine Olivier, porte-parole de l'association Victimes de la thalidomide de Belgique

C'est dans une salle municipale de Stolberg (Allemagne), qu'Harald Stock, directeur exécutif de Grunenthal, a décidé de rendre hommage aux victimes de la thalidomide. A cette occasion, un mémorial a été dévoilé : une fillette sans bras et aux jambes malformées, assise sur une chaise, symbolise les milliers d'enfants malformés après que leurs mères aient pris de la thalidomide. Harald Stock a justifié le silence du fabricant depuis plus de cinquante ans : "Nous demandons que vous considériez notre silence comme un signe du choc que votre destin nous a causé."

Des excuses plus qu'insuffisantes pour les victimes, dont certaines étaient présentes. L'Association des victimes du Contergan (appellation de la thalidomide dans le pays) regrette que le fabricant ne se soit pas excusé, au-delà de son trop long silence, pour la commercialisation du médicament, "qui a été administré à des femmes en l'absence de tests", explique Ilonka Stebritz, porte-parole de l'association.

Une insatisfaction mondiale

Commercialisé dans plus de cinquante pays, la thalidomide a fait de nombreuses victimes dans le monde entier. En Australie, les avocats de Lynette Rowe, née sans bras et sans jambes, ont estimé ces excuses "trop faibles, trop tardives, et pleine d'hypocrisie", ajoutant que "mettre le long silence (de l'entreprise) sur le compte d'un choc (…) est un non-sens".

Au Royame-Uni, Freddy Atsbury, consultant en chef de l'association Thalidomide Agence UK aurait préféré que la firme accompagne "ses paroles d'un investissement financier".

Au Japon, Tsugumichi Sato, directeur général de "Ishizue", un centre d'aide social, s'est également exprimé sur le sujet : "Le nombre de victimes aurait été plus faible si l'entreprise avait arrêté la vente du médicament plus tôt". Après l'Allemagne (plus de 3 000 victimes) et la Grande-Bretagne (environ 350) , le Japon est l'un des pays les plus touchés par le désastre pharmaceutique. Le pays compte à ce jour 300 victimes de la thalidomide.

Source : AFP

En savoir plus :

  • Le drame de la thalidomide
    "Un médicament sans frontière, 1956-2009"
    Jérôme Janicki
    Ed. l'Harmattan, 2009