Sénégal : espoir de vaccin contre parasite mortel

Inconnu du grand public, la bilharziose est pourtant la deuxième maladie parasitaire la plus mortelle après le paludisme. Ce parasite, présent dans les eaux stagnantes, s'infiltre dans la circulation sanguine et y pond ses œufs que le corps n'expulse pas forcément. Avec des conséquences gravissimes sur la santé, particulièrement chez les enfants.

Cécile Guéry-Riquier
Rédigé le
Sénégal : espoir de vaccin contre parasite mortel
La bilharziose, seconde endémie parasitaire mondiale après le paludisme
La bilharziose, seconde endémie parasitaire mondiale après le paludisme

Ce petit parasite mesure à peine un centimètre de long, il est aussi fin qu'un cheveu, mais il est responsable chaque année d'au moins 300 000 morts et aurait infecté près de 200 millions d'individus, dans près de 80 pays, selon le Dr Gilles Riveau, directeur scientifique de l'ONG Espoir pour la santé et chercheur à l'Inserm.

Un petit ver aussi fin qu'un cheveu

Il s'appelle le schistosome ou bilharzie, et se niche dans les eaux stagnantes des régions pauvres d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du sud. Il s'infiltre par la peau dans le circulation sanguine des individus, et y pond des milliers d'œufs. Ce sont ces œufs qui sont responsables des complications de la maladie. Ils stagnent dans les tissus, provoquent la formation de granulomes, des petites papules inflammatoires. Conséquences : une forte anémie, des atteintes hépatiques ou rénales très sévères, une stérilité et des cancers uro-génitaux.

Ce sont les enfants ou les jeunes adultes qui sont  les plus touchés, dans certaines régions, plus de 70 % sont infectés. Affaiblis par ce parasite, ils sont plus fragiles aux autres infections virales et bactériennes.

Il n'existe aujourd'hui pas de moyen de soigner ce parasite. Mais une équipe de  chercheurs s'est lancé il y a plus de 20 ans dans la recherche d'un vaccin. Et la dernière étape du protocole vient tout juste d'être lancée au Sénégal.

Un vaccin difficile à financer

Le Dr Gilles Riveau travaille sur ce vaccin depuis 20 ans. Malgré les difficultés de financement, le vaccin est arrivé en "phase 3" de l'étude clinique, soit la dernière étape, celle où les chercheurs pourront valider son efficacité sur l'enfant.

"En général, le développement de ce type de vaccin est pris en charge en partie par des entreprises privées, soutenu par des mécènes. Mais pour l'instant nous n'avons pas réussi à obtenir des financements privés. Ce vaccin serait utilisé par des populations non solvables, les plus précaires des pays en voie de développement. Les compagnies attendent donc que nous puissions justifier d'un résultat probant avant de penser à investir", se désole t-il.

Ce vaccin n'a pas pour objectif de guérir complètement cette maladie, mais d'annihiler la capacité de reproduction des vers femelles, donc de les empêcher de produire des œufs, responsables des complications de la maladie. Les premiers résultats démontrent son efficacité, et sa bonne tolérance.

"Pour éradiquer cette épidémie, il faudrait tout simplement installer un réseau potable et d'évacuation des eaux usées. Ce qui n'est imaginable pour le moment dans les pays en difficulté. La seule solution est donc ce vaccin", explique le Dr Gilles Riveau.

Si le vaccin prouve son efficacité, l'objectif est de l'intégrer au programme de vaccination des enfants de 6 à 9 ans dans les pays concernés.

Les résultats sont attendus fin 2012. Mais l'équipe de chercheurs n'est même pas assurée de pouvoir mener ce projet à terme, faute de financements.

Pour en savoir plus :

  • OMS
    Informations sur les bilharzioses.