Moustiques génétiquement modifiés : pour quoi faire ?

Afin d'enrayer la progression des maladies transmises par les moustiques, des chercheurs ont mis au point depuis 2010 des modèles transgéniques de l'insecte,  capables d'empêcher leur reproduction. Après les Iles Caïmans et la Malaisie, le Brésil a récemment décidé de se doter d'un tel moustique afin de lutter contre la dengue.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Moustiques génétiquement modifiés : pour quoi faire ?

Deux espèces de moustiques ont été modifiées génétiquement, l'une pour lutter contre la propagation de la dengue, maladie qui provoque de fortes fièvres et des symptômes grippaux, et qui peut être mortelle dans sa forme sévère. L'autre pour stopper la propagation du paludisme (ou malaria), qui tue chaque année dans le monde 800 000 personnes. Les modifications du génome interviennent toujours chez les individus mâles, qui ne transmettent pas la maladie car ils ne piquent pas.

Contre la dengue : un gène suicide

Chez les moustiques Aedes aegypti, vecteurs de la dengue, les mâles transgéniques transmettent un gène à leur progéniture qui tue les individus à la fin du stade larvaire. Une grande quantité de ces moustiques modifiés relâchés dans la nature agira comme un insecticide naturel contre cette espèce. Ils vont prendre la place des mâles non modifiés et s'accoupler avec les femelles porteuses de la dengue. Lorsque celles-ci vont pondre leurs œufs, ils n'atteindront jamais leur taille adulte, entraînant ainsi le déclin de l'espèce donc le recul de la maladie.

Contre le paludisme : des mâles stériles

Dans le cas du paludisme, c'est l'espèce Anophèles gambiae qui a été génétiquement modifiée. Les chercheurs ont stérilisé les mâles en introduisant un gène stoppant la production de spermatozoïdes. Après l'accouplement, les femelles produisent des œufs non fécondés ce qui conduit également à un déclin de l'espèce et de la maladie, comme dans le cas de la dengue.

Bactérie modifiée, Plasmodium inhibé ?

Un nouveau procédé a été développé par des scientifiques du John Hopkins Malaria Research Institute de Baltimore. Celui-ci n'implique pas la création d'une nouvelle espèce de moustiques transgéniques, mais l'introduction d'une bactérie génétiquement modifiée inhibant les effets du parasite Plasmodium falciparum et berghei, responsables du paludisme, dans les populations de moustiques existantes. Cette bactérie est ingérée lors du repas sanguin de la femelle et s'installe dans son intestin. Elle agit ensuite sur le Plasmodium en libérant des protéines toxiques contre celui-ci, mais sans nuire ni à l'homme, ni aux moustiques.

Reste à définir de quelle façon cette bactérie pourra être introduite dans l'alimentation des moustiques. Il s'agit néanmoins d'une piste intéressante par rapport aux moustiques eux-mêmes génétiquement modifiés. En effet, des associations de lutte pour la protection de l'environnement s'interrogent sur la pertinence de l'éradication de certaines espèces qui, en libérant une niche écologique, pourrait permettre la prolifération d'insectes plus dangereux.

Sources:
- "Spermless males elicit large-scale female responses to mating in the malaria mosquito Anopheles gambiae", PNAS, le 8 août 2011. Doi :10.1073/pnas.1104738108
- "Field performance of engineered male mosquitoes", Nature Biotechnology, le 30 octobre 2011. Doi :10.1038/nbt.2019

- "Fighting malaria with engineered symbiotic bacteria from vector mosquitoes", PNAS, le 16 juillet 2012. Doi :10.1073/pnas.1204158109

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