Moins de viande et plus de poisson contre le cancer colorectal ?

Le fait est établi : la consommation de certains produits carnés augmente, chez une importante partie de la population, le risque de développer un cancer colorectal. Une étude de grande envergure, publiée dans JAMA Internal Medicine, montre que les personnes qui suivent un régime végétarien tout en continuant à manger du poisson présentent, a contrario, un risque significativement diminué.

Florian Gouthière
Rédigé le
Moins de viande et plus de poisson contre le cancer colorectal ?

Mode de vie (alimentation riche en viande, tabagisme, consommation d'alcool) et hérédité sont deux facteurs de risques identifiés du cancer colorectal.

En 2014, une étude internationale portant sur plus de 18.000 personnes confirmait que tous les profils génétiques n'étaient pas égaux devant la viande transformée (viande conservée par fumage, salage, congélation, mise en conserve ou ajout de produits chimiques de conservation). Alors que certains profils génétiques ne sont pas particulièrement à risques, d'autres sont très sensibles à ce type de régime.

Une nouvelle étude nord-américaine, portant sur 96.354 hommes et femmes, appartenant à une même communauté, vient affiner nos connaissances sur le lien entre alimentation et risque de cancers du côlon ou du rectum.

Selon ces travaux, comparés à des mangeurs de viande, les végétariens – considérés dans leur ensemble – auraient moins de risque de développer ces cancers. Mais une analyse statistique plus fine révèle un phénomène surprenant. En réalité, seul un sous-groupe de végétariens à un risque très sensiblement diminué associé à ces maladies.

Dans le détail, le suivi de cette communauté sur sept ans n'a pas permis d'identifier une réduction du risque chez les végétaliens, chez les végétariens qui consomment des œufs et du lait, ou chez les "semi-végétariens" (qui mangent occasionnellement de la viande, tout en privilégiant au maximum l'alimentation végétarienne). Ce résultat ne préjuge pas des éventuels bénéfices du régime sur une plus longue durée.

En revanche, cette étude montre que les personnes qui ont exclu toutes protéines animales de leur alimentation excepté celles provenant du poisson ont un risque nettement diminué de cancer colorectal (diminution estimée entre -5% à -36%).

Les auteurs de ces travaux notent que si ces données étaient confirmées, et qu'un lien de cause à effet été mis en lumière, cette donnée pourrait déboucher sur des préconisations de prévention.

Source : Vegetarian Dietary Patterns and the Risk of Colorectal Cancers. M. J. Orlich et coll. JAMA Intern Med. 9 mars 2015. doi:10.1001/jamainternmed.2015.59