Migraines : comment s'en sortir ?

Onze millions de personnes en France souffriraient de migraine. Souvent minimisée par l'entourage, c'est pourtant une affection très handicapante pour la personne atteinte. La migraine n'est pas une fatalité : il existe aujourd'hui des traitements de crise et de fond efficaces.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Qu'est-ce que la migraine ?

Régis Boxelé et Fabien Doguet expliquent les migraines
Régis Boxelé et Fabien Doguet expliquent les migraines

Douleurs pulsatiles, des difficultés à se concentrer, une intolérance au bruit ou à la lumière... Autant de symptômes qui peuvent être révélateurs d'une céphalée. Parmi les céphalées, la migraine. Il ne s'agit pas d'un simple mal de tête. La migraine est une maladie qui se caractérise par la survenue répétée de crises, le plus souvent d'un seul côté de la tête. Elle peut être accompagné de symptômes digestifs et neurologiques variés.

La migraine concerne onze millions de personnes en France selon l'Assurance maladie, 12% des adultes (2 à 3 fois plus de femmes que d'hommes) et 3 à 10% des enfants (source : Vidal). 

Les mécanismes de la migraine

A l'origine de la douleur migraineuse, c'est l'hyperexcitabilité du cerveau qui est plus sensible à des stimulis anodins pour la plupart et aux changements. Un évènement déclencheur comme un changement de rythme, des facteurs sensoriels (olfactifs, auditifs, etc), une forte luminosité, provoque une cascade d'évènements aboutissant à la migraine.

Il y a une implication des vaisseaux qui irriguent le cuir chevelu et le cerveau. Une partie de ces vaisseaux se trouve entre les méninges (qui entourent et protègent le cerveau) et une autre à l'intérieur du tissu cérébral. La paroi de ces vaisseaux contient des fibres musculaires capables de se contracter et de se relâcher. C'est ce qui permet d'augmenter ou de diminuer le diamètre des vaisseaux. Ce mécanisme permet d'adapter la quantité et la pression de sang dans le cerveau.

Les migraines surviennent lorsque la paroi des vaisseaux sanguins se contracte rapidement. C'est ce qui fait souffrir le cerveau. Les terminaisons nerveuses de la paroi des vaisseaux sont alors irritées et un signal est envoyé au centre de la douleur. Celui-ci ordonne aux vaisseaux de se dilater afin de baisser la tension. Problème, cela provoque aussi un afflux de sang brutal dans les vaisseaux situés à la surface du cerveau. Cette dilatation des vaisseaux, couplée à l'inflammation du cerveau, serait à l'origine de nombreuses migraines. Plusieurs neurotransmetteurs, ces messages chimiques, seraient impliqués, comme le glutamate, le CGRP (calcitonin-gene-related-peptide).

La distension des vaisseaux les rend "poreux". Autrement dit, la paroi laisse passer dans les cellules voisines des molécules, telles que l'histamine et les kinines : ces substances provoquent une inflammation locale et qui dit inflammation, dit douleur. Une douleur souvent perçue comme des pulsations dans la tête, généralement accompagnée de flashs et parfois même de nausées et de vomissements, de difficultés à supporter lumière (photophobie) ou du bruit. La crise migraineuse peut durer entre 4 et 72 heures et varie d'une personne à l'autre. Elle peut se répéter plusieurs fois par mois.

Migraines : des traitements efficaces

Le diagnostic précis du type de migraine permet d'établir un traitement efficace
Le diagnostic précis du type de migraine permet d'établir un traitement efficace

Evaluer son traitement en quatre questions :

Les quatre questions du Dr Dominique Valade, neurologue aux Urgences Céphalées de l'hôpital Lariboisière (Paris), pour savoir si on doit changer son traitement contre la migraine :

  • Est-ce que vous êtes calmés en moins de deux heures ?
  • Est-ce que vous tolérez bien le traitement ?
  • Est-ce que vous ne prenez pas plus d'une seule prise pour soigner une crise ?
  • Est-ce que vous revenez à votre état antérieur dans les quelques heures qui suivent ?

Une réponse négative à ces questions (même une seule) signifie que le traitement n'est pas adapté.

Les traitements de la crise et de fond de la migraine

La migraine n'est pas une fatalité. On sait actuellement soulager la douleur.

Il existe deux grands types de traitements : ceux qui soulagent la douleur, les traitements de la crise à utiliser lors de la migraine, et les médicaments de fond. Il faut les prendre régulièrement pour agir sur la maladie en général, et pas seulement sur la crise.

Depuis 2013, il est recommandé pour traiter une crise de migraine de prendre un anti-inflammatoire (naproxène, ibuprofène, kétoprofène, diclofénac) ; l'aspirine et le paracétamol sont recommandés en cas de crise légère à modérée. En cas d'inefficacité des anti-inflammatoires en 1 à 2 heures, il est temps de prendre le triptan. Si au bout de 3 crises, ce schéma n'est pas efficace au moins 2 fois, les neurologues conseillent de prendre le triptan d'emblée, dans l'heure qui suit le début de la douleur. 

Les traitements de fond sont indiqués dès lors que le patient consomme le traitement de crise plus de 2 jours par semaine depuis 3 mois au moins. Seuls l’amitriptyline, le divalproate de sodium, le valproate de sodium, le métoprolol, le propanolol et le topiramate ont fait la preuve de leur efficacité. En première intention, on recommande un béta-bloquant, comme le propanolol ou le métoprolol. Il faut 4 à 6 semaines pour que le traitement de fond soit efficace. "En France, l’oxétorone est très largement utilisée, bien que considérée comme manquant de preuves", ajoute le Dr Roos.

La recherche : l'espoir de nouveaux traitements

Il y a quelques années, les triptans ont révolutionné le traitement de la crise de migraine. Mais les recherches ne s'arrêtent pas là. Après les triptans, qui ont une action vasculaire, les anti-CGRP agissent soit en empêchant le CGRP de se lier à son récepteur, soit en bloquant le récepteur. Ils s'administrent sous forme injectable sous-cutanée, comme l'erenumab à raison de 70 mg toutes les 4 semaine (voire le double pour ceux à qui la dose ne suffit), ou encore le fremazumab, le galcazenumab et l'eptinezumab. Ils ne sont pas pris en charge en France en juin 2021, leur coût à raison de 500€ par injection reste un frein majeur.

Quand la migraine empoisonne la vie quotidienne malgré les médicaments anti-douleurs, la consultation en neurologie permet de diagnostiquer de manière plus précise le type de migraine, et de trouver un traitement adéquat.

Soigner les migraines par l'ostéopathie

L'ostéopathie, un traitement efficace contre les migraines ?
L'ostéopathie, un traitement efficace contre les migraines ?

Les migraines peuvent avoir plusieurs origines. Parfois, elles sont la conséquence d'une anomalie du squelette au niveau de la chaîne masticatrice ou des cervicales.

Et quand les médicaments ne suffisent pas ou entraînent des effets secondaires trop gênants, certains patients migraineux s'orientent vers d'autres méthodes, et notamment vers l'ostéopathie.

Dans certains cas, des séances d'ostéopathie peuvent soulager les patients.

Migraines : le recours à l'hypnose

Séance d'hypnose pour lutter contre la migraine
Séance d'hypnose pour lutter contre la migraine

Pour soulager les douleurs liées à la migraine, certaines personnes tentent l'hypnose. L'objectif des séances d'hypnose est d'apprendre aux patients à mieux gérer leurs crises douloureuses comme l'explique le Dr Adrian Chaboche, hypnothérapeute : "On propose une expérience au patient où il peut faire autre chose que de ressentir cette douleur. C'est un travail sensoriel, d'intuition, de relation entre le thérapeute et le patient…".

À l'aide de paroles douces et apaisantes, l'hypnothérapeute incite le patient à relâcher ses tensions et sa vigilance. Le but : être dans un état de conscience détendu. "Pour la migraine, il n'y a pas de protocole mais on va s'intéresser à ce qui est spécifique dans la migraine du patient. Certaines personnes sont définies par leur migraine sauf qu'elles ne définissent pas leur migraine comme le médecin la définirait", note le Dr Adrian Chaboche.

Focaliser le cerveau sur des sensations agréables pour oublier la douleur, c'est tout l'enjeu des séances d'hypnose. Et pour aller encore plus loin, le thérapeute peut proposer au patient l'auto-hypnose. L'objectif est de permettre au patient de gérer de manière autonome ses migraines. Plusieurs études ont montré que l'hypnose soulageait les crises migraineuses.

Migraines : médicaments et dépendance

Le dépendance aux médicaments peut être soignée en quelques jours d'hospitalisation.
Le dépendance aux médicaments peut être soignée en quelques jours d'hospitalisation.

Les crises de migraine sont parfois tellement douloureuses que ceux qui en souffrent ont souvent tendance à consommer beaucoup de médicaments.

Paracétamol, triptans... Pour lutter contre la migraine, il existe des médicaments puissants. Ils sont très efficaces mais peuvent conduire à une dépendance.

Un vrai problème car à hautes doses, ces médicaments ne sont pas dénués d'effets secondaires...

Un "serre-tête" pour lutter contre la migraine

Le principe de l'appareil repose sur la neurostimulation du cerveau par des ondes électriques.
Le principe de l'appareil repose sur la neurostimulation du cerveau par des ondes électriques.

Depuis 2009, une entreprise belge a mis au point un appareil anti-migraine (qui ressemble à un serre-tête), qui repose sur l'envoi d'impulsions électriques sur le nerf trijumeau.

Le principe de cet outil thérapeutique anti-migraine repose sur la stimulation électrique transcutanée. L'électrode envoie des impulsions de basse fréquence pour agir sur les terminaisons nerveuses frontales du nerf trijumeau. Résultat : le seuil de déclenchement des migraines est modifié et les crises deviennent de moins en moins fréquentes.

Pour les neurologues, cette technique est intéressante en prévention car elle permet de réduire la consommation de médicaments. Les études cliniques sont concluantes mais le dispositif est encore peu développé en France. La raison : peut-être son coût, 314 euros uniquement pris en charge par certaines mutuelles.

L'appareil coûte 300 euros. Mais la société propose une location renouvelable afin de tester ce traitement et voir s'il est efficace. 

Migraines : l'oxygène pour atténuer la douleur

L'algie vasculaire de la face est une forme de céphalées qui se caractérise par des douleurs intenses dans la moitié du crâne. Pour apaiser les crises, les patients peuvent avoir recours à l'oxygène.
L'algie vasculaire de la face est une forme de céphalées qui se caractérise par des douleurs intenses dans la moitié du crâne. Pour apaiser les crises, les patients peuvent avoir recours à l'oxygène.

L'algie vasculaire de la face est une forme de céphalée très douloureuse. Pour soulager les patients en souffrance, l'oxygène donne de bons résultats. Il permet parfois d'atténuer l'intensité des crises et ainsi de diminuer la consommation de médicaments.

Aux urgences céphalées de l'hôpital Lariboisière à Paris, le Dr Caroline Roos, neurologue, utilise presque quotidiennement l'oxygène pour soulager ses patients : "Ce traitement est connu depuis les années 50. Il permet de calmer la crise très rapidement".

Deux hypothèses sont évoquées pour expliquer l'efficacité de l'oxygène. L'oxygène réduirait la taille des vaisseaux sanguins anormalement dilatés par l'algie. Il permettrait aussi d'atténuer les larmoiements et les écoulements du nez. Mais lorsque les crises sont trop violentes, les patients peuvent s'injecter un antidouleur.

Des essais cliniques sont en cours mais l'oxygène pourrait être une voie d'avenir dans le traitement d'autres céphalées comme la migraine par exemple.

La sophrologie contre les céphalées de tension

La sophrologie permet de lutter contre les céphalées de tension
La sophrologie permet de lutter contre les céphalées de tension

Une mauvaise posture au bureau, un trop plein de stress et c'est la céphalée de tension. Une douleur intense au niveau de la nuque et du crâne générée par une trop forte tension musculaire. Pour soulager ces céphalées de tension, certains patients ont recours à la sophrologie.

"Une céphalée de tension crée généralement des tensions au niveau du corps, notamment au niveau de la nuque et des trapèzes. L'idée est donc de réaliser des exercices qui permettent de favoriser le relâchement de ces parties du corps pour réduire l'intensité de la céphalée et faire en sorte que les personnes retrouvent plus rapidement une sensation de bien-être", explique Catherine Aliotta, sophrologue.

La relaxation est également très importante comme le confirme la sophrologue : "Lorsque l'on a mal, on focalise beaucoup sur la douleur. Et plus on focalise sur la douleur, plus on a mal, plus on augmente l'intensité de la douleur. Le but est donc de trouver des images qui vont permettre une substitution de cette douleur".

Grâce à la sophrologie, les patients peuvent également diminuer leur consommation d'antidouleurs. Un geste important lorsque l'on sait que 40% des personnes atteintes de céphalées de tension font des abus médicamenteux.