Métastases : le rôle clé d'une protéine

Le rôle d'une protéine dans la formation des métastases vient d'être mis en évidence. C'est une étape de plus dans la compréhension de ce phénomène à l'origine de 90% des décès liés à une tumeur cancéreuse.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Métastases : le rôle clé d'une protéine

Pour s'échapper de sa tumeur et coloniser d'autres tissus, une cellule cancéreuse doit d'abord rompre la matrice qui emplit l'espace entre les cellules pour atteindre le vaisseau sanguin le plus proche. Elle le fait en formant une protubérance, une sorte de pied, que l'on nomme invadopodia. En s'étirant dans cette matrice, le pied libère des molécules qui la dégradent en la hachant en petits morceaux.

Le potentiel d'une cellule cancéreuse à envahir des tissus éloignés repose ainsi sur la formation et la déformation de l'invadopodia pour se libérer de la tumeur. Une fois dans le vaisseau sanguin, elle peut voyager vers d'autres tissus pour former une nouvelle tumeur.

Une cellule capable de réaliser cette tâche est appelée "cellule invasive". Plus de 90% des décès liés à une tumeur cancéreuse sont dus à la propagation des ces cellules cancéreuses dans l'organisme - ce que l'on nomme les métastases. Il était donc important de comprendre comment ce mécanisme est orchestré pour pouvoir le mettre en veille.

Rac 1, protéine clé

Des études précédentes ont montré le rôle important d'une protéine, nommée Rac1. Lorsque Rac1 est présente en grande quantité, la cellule cancéreuse affiche de nombreuses caractéristiques de cellules invasives. Les chercheurs du Albert Einstein College of Medicine se sont donc demandés si cette protéine jouait un rôle dans la formation et la déformation d'invadopodia.

Pour ce faire, ils ont spécialement fabriqué un marqueur (une protéine fluorescente) qui permet de savoir où et à quel moment la protéine Rac 1 est présente dans les cellules cancéreuses. 

En appliquant ce marqueur à des cellules de cancer du sein, réputées très invasives, ils se sont aperçus qu'une forte concentration en protéine Rac 1 entraîne la disparition de l'invadopodia et donc un arrêt de la dégradation de la matrice. Inversement, une faible quantité de Rac 1 permet à l'invadopodia de rester en place.  

Les chercheurs ont observé le même phénomène en étudiant directement le gène responsable de la synthèse de Rac 1. Lorsque celui-ci est inactivé, la destruction de la lame basale augmente. Inversement, quand les protéines Rac 1 sont activées par un signal lumineux, l'invadopodia disparaissait.

Rac 1 joue bien un rôle important dans la capacité des cellules tumorales à se propager dans d'autres tissus. Il semble que ce soit l'augmentation et la diminution de sa présence sur un laps de temps précis qui leur donne cette capacité. Rac 1 serait donc une cible clé de nouveaux traitements contre la formation de métastases. Mais le problème est que ces protéines jouent un rôle également dans les cellules saines. Il faudrait donc trouver des traitements qui ciblent uniquement les cellules cancéreuses. Ce qui laisse toutefois un espoir de pouvoir un jour mettre ce mécanisme en veille.

Source : A Trio–Rac1–Pak1 signalling axis drives invadopodia disassembly. Yasmin Moshfegh. Nature Cell Biology (2014) doi:10.1038/ncb2972

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