Ménopause : un nouveau traitement contre les bouffées de chaleur ?

L'anesthésie locale d'un ganglion du système nerveux sympathique diminuerait les bouffées de chaleur chez les femmes ménopausées, d'après une récente étude publiée dans la revue américaine Ménopause. Cette découverte scientifique prometteuse pourrait être une alternative thérapeutique au traitement hormonal substitutif non dénué de risques.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Ménopause : un nouveau traitement contre les bouffées de chaleur ?

Une anesthésie locale diminue les bouffées de chaleur

Pour traiter les bouffées de chaleur de la ménopause tout en évitant les effets secondaires, des scientifiques recherchent des alternatives thérapeutiques au traitement hormonal substitutif (THS) devant ses effets indésirables non négligeables, comme la majoration du risque de cancer de l'endomètre ou de cancer du sein.

Le Dr Wallega, anesthésiste de la Feinberg School of Medicine of Northwestern University de Chicago et son équipe ont constaté une diminution significative des bouffées de chaleur chez des femmes ménopausées, suite à l'injection de produits anesthésiques locaux dans le ganglion stellaire du système nerveux central sympathique.

Ce bloc anesthésique sympathique est plus couramment utilisé pour traiter des douleurs chroniques.

Partant du principe que les bouffées de chaleur devaient probablement être liées à un déséquilibre du système nerveux central sympathique (modulant la température corporelle et la sécrétion des glandes sudoripares), le Dr Lipov, précurseur du Dr Wallega, avait émis l'hypothèse qu'un bloc anesthésique sympathique pouvait diminuer les bouffées de chaleur.

D'après lui, l'inhibition du système nerveux sympathique permettrait de moduler la température corporelle et de diminuer la sécrétion des glandes sudoripares (et donc la production de sueurs).

Pour tester son hypothèse, il avait injecté des produits anesthésiques dans le ganglion stellaire du système nerveux sympathique.

Il avait alors constaté une réduction des bouffées de chaleur chez des femmes ménopausées suite à l'injection d'anesthésiques dans le ganglion stellaire. Cette étude, bien que très pertinente, n'avait été réalisée que sur six femmes.

Aucun effet indésirable constaté

Les travaux de l'équipe du Dr Wallega ont permis d'appuyer les travaux du Dr Lipov et donc l'intérêt du bloc anesthésique sympathique pour traiter les bouffées de chaleur de la ménopause.

Pour ce faire, quarante femmes âgées de 30 à 70 ans, présentant des bouffées de chaleur modérées à sévères, ont été réparties en deux groupes : un groupe "injection d'anesthésique" (bupivacaïne) et un groupe "injection de placebo" (sérum physiologique).

L'anesthésique ou le placebo ont été injectés dans le ganglion stellaire. L'étude randomisée et contrôlée, publiée récemment dans la revue américaine Menopause, a montré une réduction significative de l'intensité des bouffées de chaleur dans le groupe "injection d'anesthésique"(38% contre 8%).

Aucun effet indésirable n'a été constaté chez l'ensemble des femmes incluses dans l'étude.

Bien que des travaux supplémentaires portant sur un échantillon plus important de femmes soient nécessaires, ces résultats concluants sont prometteurs pour traiter les bouffées de chaleur, principale plainte de la femme ménopausée, tout en évitant les effets indésirables du THS.

L'injection d'anesthésique dans le ganglion stellaire pourrait par ailleurs être une alternative au traitement des bouffées de chaleur chez les femmes ménopausées présentant des contre-indications au THS.

Même si certaines des femmes ménopausées ont la chance d'être épargnées par ce désagrément, la plupart d'entre elles décrivent des symptômes gênants tels que les bouffées de chaleur, une sècheresse vaginale ou des troubles de l'humeur. Un THS est en général prescrit en première intention en cas de bouffées de chaleur.

Ce THS est prescrit pour une durée maximale de cinq ans au vu de ses effets indésirables non négligeables. Il est par ailleurs contre-indiqué chez les femmes aux antécédents de cancer du sein ou de manifestations thromboemboliques.

Etude de référence : Effects of stellate ganglion block on vasomotor symptoms: findings from a randomized controlled clinical trial in postmenopausal women. Menopause 2014. Walega DR et coll.

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