Maladies cardiovasculaires : attention à votre tour de taille !

Les personnes avec un poids normal, mais avec un surplus de graisse au niveau de l'abdomen, auraient un risque de décès supérieur aux individus obèses. Ce sont les résultats présentés par le Dr Karine Sahakyan, au Congrès de la société européenne de cardiologie, le 27 août 2012. Explications.

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
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Des médecins canadiens demandent à ce que l'IMC ne soit plus le seul critère de l'obésité.
Des médecins canadiens demandent à ce que l'IMC ne soit plus le seul critère de l'obésité.

Des résultats étonnants

L'équipe du Pr. Franscisco Lopez Jimenez (Mayo Clinic, Rochester) s'est penchée sur 14 ans de données et 12 800 sujets âgés de plus de 18 ans et d'âge moyen égal à 44 ans. Ils ont été classés en trois catégories suivant leur IMC, l'indice de masse corporelle : IMC normal (entre 18,5 et 24,9 kg/m2), surpoids (de 25 à 29,9 kg/m2) ou obèse (au-delà de 30). Puis ils ont étudié la circonférence de la taille et celle des hanches, le rapport taille/hanche  étant un indicateur de la répartition des graisses au niveau abdominal. Ils ont ensuite placé les individus en deux groupes selon ce rapport : normal (inférieur à 0,85 pour les femmes, à 0,90 pour les hommes) ou plus élevé.

La surprise est survenue en étudiant ensuite les décès du registre américain…

Les décès d'origine cardiovasculaire étaient 2,75 fois plus nombreux chez les individus avec un IMC normal et de l'embonpoint ventral que dans la catégorie de référence (poids et rapport taille/hanches normaux). La surmortalité n'était "que" de 2,34  fois plus élevée chez les personnes obèses avec rapport taille/hanches élevé… Le même constat a été fait pour les décès toutes causes confondues : davantage de risques chez les personnes à IMC normal qui ont "du ventre", que chez les obèses.

Les chercheurs expliquent ce constat étonnant par la répartition de la graisse : dans les jambes et les bras chez les personnes obèses, alors qu'elle était ciblée sur l'abdomen chez celles à IMC normal.

La graisse abdominale plus risquée

"Ce n'est pas une révolution, on sait depuis une dizaine d'année que l'obésité abdominale est un facteur de risque cardiovasculaire", commente le Dr Jean-Guillaume Dillinger, cardiologue à l'hôpital Lariboisière. "Là où l'étude est intéressante, c'est qu'elle montrerait qu'il vaut mieux être obèse qu'obèse abdominal". Autrement dit, la localisation de la graisse autour de l'abdomen est à prendre en compte, même chez les sujets à poids normal. 

Le cardiologue explique ensuite que l'obésité abdominale est associée aux différents facteurs  de risque cardiovasculaire. "Ceux qui ont un tour de taille élevé ont davantage d'hypertension artérielle et de mauvais cholestérol. Et la graisse abdominale favorise la production de substances inflammatoires or cette inflammation facilite les plaques d'athérosclérose". Des plaques de cholestérol qui rétrécissent le calibre des vaisseaux et aboutissent aux infarctus ou à des AVC, les attaques cérébrales.

"De plus, le sang de l'abdomen, à l'inverse de celui du reste du corps, se retrouve directement dans le foie qui produit des molécules favorisant la résistance à l'insuline, puis le diabète. Et la formation du cholestérol se passe également au niveau du foie…", poursuit le docteur Dillinger. On retrouve à nouveau des facteurs de risque bien connus, le diabète et le mauvais cholestérol.

Une application pratique

Le directeur de l'étude, le Dr Lopez-Jimenez, estime que cela est lié au style de vie. Ces résultats seraient donc à approfondir en analysant des facteurs de confusion possibles, comme l'activité physique et l'alimentation…

Mais l'intérêt de l'étude, si elle était confirmée, réside dans l'utilisation de la circonférence abdominale, et non seulement de l'IMC, pour évaluer le risque cardiovasculaire.

Que cela ne vous empêche pas de surveiller votre bedaine et de consulter un médecin si votre tour de taille augmente (la ceinture est un bon indicateur, si vous êtes obligé de faire des trous supplémentaires). Car il est bien prouvé que le périmètre abdominal (à mesurer au niveau du nombril) est un facteur de risque cardiovasculaire, au-delà de 88 cm pour les femmes, et 102 cm pour les hommes.

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