Les ravages de l'alcool encore sous-estimés

Un rapport sur "les dommages liés aux addictions" vient d'être remis à la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt). Les experts y ciblent l'alcool dont les ravages sont encore aujourd'hui gravement sous-estimés.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Les ravages de l'alcool encore sous-estimés

Le constat est effarant, mais très parlant : les "épidémies industrielles", c'est-à-dire liées à la consommation d'alcool, de tabac, de cannabis ou d'autres drogues, sont aujourd'hui plus nombreuses que les épidémies infectieuses.

C'est l'une des conclusions du rapport rédigé par une quinzaine de professeurs de santé publique, psychiatres, addictologues et criminologues. Une étude remise vendredi 7 juin 2013 à la présidente de la Mildt, Danièle Jourdain-Menninger.

Et les experts mandatés ciblent tout particulièrement une drogue : l'alcool.

L'alcool, la drogue la plus tueuse

Les boissons alcoolisées tuent chaque année 49.000 personnes : 15.000 décès sont dus à des cancers, 12.000 sont le fait de maladies cardiovasculaires, 8.000 de pathologies digestives, 8.000 autres par suicide, accident, chute ou homicide, 3.000 du fait de pathologies mentales.

Mais le rapport révèle aussi l'ampleur des dommages collatéraux : 40% des violences familiales et/ou conjugales sont directement liées à l'alcool et c'est le cas de 25% des faits de maltraitance à enfants.

Malgré ces ravages, les Français sont encore en grande majorité persuadés que l'alcool est moins dangereux que la cocaïne ou le cannabis. "La communication sur les dangers des drogues illicites focalise les inquiétudes de la population, amenant à une minimisation (…) des dommages du produit le plus dangereux, l'alcool."

Plus de taxes, moins de publicité

Dans ce rapport, les experts préconisent des stratégies pour réduire ces dommages.

Pour eux, essayer d'éradiquer ces produits est une utopie.  "Les consommations de produits psychoactifs (…) sont inhérentes à la condition humaine, il est donc illusoire, voire dangereux, de vouloir les faire disparaître".

Les auteurs proposent d'autres pistes de lutte :

  • Interdire la publicité d'alcool sur Internet

En 1991, la loi Evin limite le droit de faire de la publicité pour les boissons alcoolisées. Mais en 2009, la loi HPST (hôpital, patients, santé et territoires) autorise elle la publicité de ces boissons sur Internet, à l'exception de quelques sites.

Les auteurs du rapport veulent renverser ce principe : interdire la publicité à l'exception de quelques sites bien définis comme ceux des producteurs ou des marchands en ligne.

  • Augmenter la fiscalité sur l'alcool et le tabac

En 2006, les taxes sur le tabac s’élevaient à 10 milliards d'euros et celles sur l'alcool à 8 milliards d'euros. Le coût pour la collectivité lié à ces deux produits (dépenses de santé, prises en charge à la suite de violences) est bien plus élevé que ces montants. Les "autorités seraient donc légitimes à remonter massivement les taxes sur ces deux types de produits".

Les auteurs du rapport proposent aussi l'unification des taxes. Aujourd'hui, les droits sur le vin sont de 3,55 euros par hectolitre, alors qu'ils sont par exemple de 600 euros pour un whisky à 40°. "Pour des raisons qui n'ont rien à voir avec la santé publique, les gouvernements épargnent systématiquement le vin", précise le rapport.

  • Drogues licites et illicites : une seule et même politique

Quelques soient les produits en cause, il faut une même approche. Un accident de circulation dû à l'alcool ne doit pas être moins sanctionné qu'un délit causé par une prise de cannabis par exemple. Enfin, toute personne verbalisée doit être systématiquement orientée vers un service d'addictologie.

 

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