Voici pourquoi il faut éviter de boire de l'alcool avant de prendre l’avion
Un verre de vin avant d’embarquer, c’est la promesse d’un vol en toute sérénité ? Les scientifiques ne sont pas forcément de cet avis... On vous explique pourquoi.
Alcool en volant, migraine au tournant ? Avec l'été qui approche, il n'y a pas que le jet-lag qui risque de vous faire tourner de l'œil si vous vous apprêtez à prendre l’avion. Contrairement à une idée encore trop largement reçue, consommer de l’alcool avant de s’envoler pour un vol long-courrier ne permet absolument pas de s'apaiser ni de trouver le sommeil plus facilement. Au contraire, cela présenterait même des risques pour la santé, selon une étude publiée récemment dans la revue scientifique Thorax.
Une baisse du taux d'oxygène dans le sang
Les chercheurs allemands à l’origine de l’étude sont même extrêmement vindicatifs à l’égard de cette pratique : "ne buvez surtout pas d'alcool à bord des avions !", prévient l’autrice principale de l’étude Eva-Maria Elmenhorst, interviewée par CNN. Pourquoi cette alerte ? Tout simplement car absorber un verre de vin ou un mignonette une fois l’avion décollé est désormais devenu monnaie courante. Et ce, à travers la planète entière.
Or, lorsque les cabines sont pressurisées et que l’avion atteint son rythme de croisière, la pression de l’air et les niveaux d’oxygène sont plus bas que sur le plancher des vaches. Combinez ceci avec une consommation, même légère, d’alcool, ainsi qu’une sieste et le taux d’oxygène dans le sang risque rapidement de baisser, expliquent les chercheurs.
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Un danger plane sur les personnes cardiaques
Pour mener à bien leur expérimentation, les chercheurs ont créé un environnement atmosphérique similaire à celui d’une cabine d’avion en plein vol. Durant deux nuits, 48 adultes en bonne santé ont d’abord dormi quatre heures sans avoir bu une goutte d’alcool, avant de réitérer l’expérience après avoir consommé deux verres de vin ou une canette de bière.
Résultat : les nuits alcoolisées étaient synonymes d’une diminution de la quantité d’oxygène dans le sang et d’une augmentation du rythme cardiaque chez les participants. Ces conditions représentent "une contrainte considérable pour le système cardiaque" et pourraient "aggraver les symptômes chez les patients atteints de maladies cardiaques ou pulmonaires", notent les chercheurs.
Gare au syndrome de la classe économique !
D’autres risques planent sur les alcooliques avionymes. On peut par exemple citer une tendance accrue à développer une sécheresse de la peau, principalement causée, il est vrai, par l’alcool plus que par le vol en lui-même. Des nausées et des vomissements sont également à prévoir si vous souhaitez allier le plaisir du vol avec un soupçon d’alcool.
Prendre l’avion expose aussi au développement d’une thrombose veineuse, également appelée "syndrome de la classe économique". La thrombose, ou phlébite, peut apparaître au niveau des membres inférieurs après un vol de plusieurs heures et est favorisée par la consommation d'alcool. Un caillot de sang se forme alors, lorsque le passager reste assis trop longtemps et que sa circulation veineuse ralentit. Si elle n’est pas prise en charge suffisamment tôt, la phlébite peut causer une embolie pulmonaire responsable de 10 à 20 000 décès chaque année en France, selon l'institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).
L'alcool ne garantit pas un meilleur sommeil
Dans l’étude publiée dans la revue Thorax, les chercheurs ont également profité de leur expérimentation pour évaluer la qualité de sommeil des participants. Sans surprise, le temps passé en sommeil paradoxal était plus court lorsque de l’alcool avait été préalablement consommé. Si l’alcool peut effectivement aider à s'endormir, la qualité du sommeil n’est pas aussi bonne que lors d'une sieste sobre.
Enfin, il est bon de rappeler que toute consommation d'alcool, même sur la terre ferme, n’est pas sans danger. En France, elle est à l’origine de 49 000 décès par an. Même à dose modérée, "le risque global pour la santé est augmenté", rappelle le ministère de la Santé et de la Prévention.
Santé publique France recommande de ne pas consommer plus de 10 verres d’alcool par semaine, pas plus de deux verres par jour et d'avoir des jours sans consommation dans une semaine. En résumé "pour votre santé, l'alcool, c'est maximum deux verres par jour et pas tous les jours" note l'Agence nationale de santé. Sur terre comme dans les airs !