Plus de 650 000 cas d'hypertension seraient liés à l’alcool en France

Un rapport publié par Santé publique France pointe du doigt le lien entre des centaines de milliers de cas d'hypertension artérielle et une forte consommation d’alcool, principalement chez les hommes.

Mathis Thomas avec AFP
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En France, environ un adulte sur trois est hypertendu, soit environ 17 millions de personnes
En France, environ un adulte sur trois est hypertendu, soit environ 17 millions de personnes  —  Shutterstock

Le binge drinking fait des ravages, notamment sur la santé cardiovasculaire. Plus de 650 000 adultes en France métropolitaine, essentiellement des hommes, souffriraient d'hypertension artérielle du fait d’une consommation d’alcool dépassant une moyenne de 10 verres par semaine, selon une étude publiée mardi 30 avril par Santé publique France.

Quels sont les facteurs d'hypertension artérielle ?

En France, environ un adulte sur trois est hypertendu, ce qui représente 7 millions de personnes. Plusieurs facteurs de risque sont identifiés, comme l’âge, les antécédents familiaux, une faible activité physique, une alimentation riche en sel et pauvre en fruits et légumes, l’obésité mais également la consommation d’alcool

Pour mieux mesurer l'impact de l'alcool, Santé publique France a cherché à estimer le nombre de cas d’hypertension attribuables à une consommation dépassant les plafonds recommandés chez les 18-74 ans. Pour limiter l’effet sur la santé de l’alcool, des repères de consommation à moindre risque (maximum 10 verres par semaine, maximum deux verres par jour, et des jours dans la semaine sans consommation) ont été définis depuis 2017 et communiqués régulièrement depuis. 

Une "différence importante" entre les sexes

Quelque 655 000 cas d'hypertension artérielle avant 75 ans "seraient liés à la consommation d’alcool excédant une moyenne de 10 verres par semaine en France métropolitaine", dont 624 000 hommes et 31 000 femmes, estime l'étude parue dans un bulletin épidémiologique hebdomadaire. Faute de données récentes sur la fréquence de l’hypertension Outremer, l'étude est limitée à la métropole. 

La "différence importante" entre hommes et femmes résulte principalement, selon les chercheurs, de consommations d’alcool plus importantes des hommes par rapport aux femmes, mais aussi d'épisodes de binge drinking et d’alcoolisation massive plus fréquents chez les uns que chez les autres. 

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40 000 décès annuels liés à la consommation d'alcool

S'ils reconnaissent certaines limites méthodologiques à leur étude, ses auteurs la voient comme "une estimation a minima des cas d’hypertension artérielle attribuables à la consommation d’alcool qui s’avère très élevée, et fondée sur deux enquêtes robustes et représentatives de la population française, l’enquête avec examen de santé Esteban et le Baromètre de Santé publique France". 

Face à ces résultats, l'agence sanitaire insiste sur l'importance de la prévention de la consommation d'alcool mais aussi de la prise en charge de l'hypertension. L’alcool demeure l'un des premiers facteurs de risque de maladies et de décès en France, avec plus de 40 000 décès attribuables chaque année. En plus des risques cardiovasculaires et de cirrhose, la consommation de boissons alcoolisées augmente le risque de certains cancers. 

"Si les Français ont réduit leur consommation d’alcool depuis 30 ans, les niveaux de consommation restent très élevés (...) tant en population générale que parmi certaines sous-populations, comme les femmes enceintes", rappelle la directrice générale de Santé publique France, Caroline Semaille, dans un éditorial chapeautant ce bulletin épidémiologique. 

Hypertension, une maladie silencieuse
Hypertension, une maladie silencieuse  —  Le Mag de la Santé - France 5