Les ailerons de requins, toxiques pour nos neurones ?

Voici une étude qui pourrait bien décourager les amateurs d'ailerons de requins, en soupe ou en gélules. Une étude américaine vient en effet de faire le lien entre une toxine présente dans les ailerons du prédateur et les maladies neurodégénératives.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Les ailerons de requins, toxiques pour nos neurones ?

Si l'aileron de requin est assez peu consommé dans nos contrées, il est un met dont les Asiatiques raffolent. 70 millions de requins sont ainsi tués chaque année pour finir en soupe, mais aussi en gélules de cartilage, qui auraient des vertus thérapeutiques. Ils sont victimes du "shark finning", une pratique qui consiste à les capturer, les amputer de leur aileron et les rejeter à la mer, blessés mortellement. Cette pratique les mènent droit sur la voie de l'extinction, faisant d'eux une des espèces les plus menacées.

Mais s'ils lisent l'étude que des scientifiques de l'Université de Miami viennent de publier dans la revue Marine Drugs, les consommateurs friands de requin pourraient bien en raffoler un peu moins…

Des ailerons empoisonnés

Les scientifiques de Miami ont en effet découvert que ces ailerons contenaient une forte concentration de BMMA (bêta-N-méthylamino-L-alamine), une neurotoxine produites par des cyanobactéries, nourries entre autre par la pollution due aux rejets industriels. Et cette neurotoxine présenterait un lien avec des maladies neurodégénératives humaines. Il a en effet été observé que les personnes qui décèdent de la maladie d'Alzheimer ou de la maladie de Charcot présentaient, dans leur cerveau de fortes concentrations de BMMA (jusqu'à 256 ng/mg), alors que les personnes saines n'en présentaient pas du tout, ou alors à peine quelques traces.

L'équipe de recherche de Miami a effectué des prélèvement au niveau de la nageoire dorsale de sept types de requins dans les eaux qui baignent le sud de la Floride : le requin dormeur, le requin bordé, le grand requin-marteau, le requin bouledogue, le requin nez-noir, le requin-citron, et requin-marteau tiburo. Et le résultat des analyses toxicologiques ont été sans appel… Les concentrations de BMMA retrouvées dans les animaux été aussi importantes, voir plus importantes : des quantités de 144 à 1836 ng/mg ont été retrouvées dans leur organisme.

Vers une baisse de popularité du requin ?

Les chercheurs estiment que les informations obtenues par ces prélèvements nous permettent d'en savoir plus sur les voies d'exposition probables au BMMA… et devraient amener à une diminution de la consommation de soupe d'ailerons et de produits issus du requin. Car si certains consommateurs sont probablement peu réceptifs aux arguments écologiques, parions que les possibles effets sur leur santé les laisseront moins indifférents…

Etude de référence : Mar. Drugs 2012, 10(2), 509-520; doi:10.3390/md10020509

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