L'arsenal contre certains cancers du sein agressifs s'enrichit

Les cancers du sein stimulés par les protéines HER2 (près de 20% des tumeurs) sont particulièrement agressifs. Si des traitements existent, leur efficacité reste limitée, surtout si le diagnostic de la maladie est posé tardivement. Utilisée en complément des thérapies actuelles, une nouvelle molécule apparaît augmenter de près de 16 mois la survie moyenne des patientes, selon les résultats d'un essai clinique présenté au Congrès de la société européenne d'oncologie médicale (ESMO).

La rédaction d'Allo Docteurs
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En bleu, la protéine HER2. En rouge, le Pertuzumab, qui se fixe sur une partie de la molécule. (Crédits : Takuma-sa)
En bleu, la protéine HER2. En rouge, le Pertuzumab, qui se fixe sur une partie de la molécule. (Crédits : Takuma-sa)

A la surface de nos cellules se trouvent de nombreux récepteurs, sensibles à des hormones ou à des protéines en circulation dans notre organisme. Dans le cas de cellules cancéreuses, la stimulation de ces récepteurs peut entraîner une prolifération accrue de la tumeur.

Les cancers du sein stimulés par les protéines HER2 (cancers dits "HER2+") sont particulièrement agressifs. Aujourd'hui, le traitement de référence est le trastuzumab (Herceptin®) en association avec une chimiothérapie (docétaxel).

Le trastuzumab agit en bloquant une partie des récepteurs cellulaires à HER2. Les laboratoires qui ont développé cette molécule ont présenté(1) lundi 29 septembre 2014 des résultats concernant une seconde molécule, le pertuzumab, qui se fixe sur les protéines HER2 (et non sur les récepteurs cellulaires).

Survie moyenne de 56,6 mois

Selon ces travaux, menés auprès de 808 patientes atteinte d'un cancer HER2+ métastasé, l'adjonction de pertuzumab au traitement de référence a aboutit à un allongement moyen de 15,7 mois de la survie des patientes (56,5 mois contre 40,8 mois pour le traitement conventionnel).

Le risque de survenue d'effets indésirables n'apparaît pas augmenté lors de l'utilisation du pertuzumab (qui, comme le trastuzumab, peut provoquer démangeaisons, diarrhées, augmentation du risque de maladies cardiovasculaires).

Au cours de la présentation publique des résultats, les scientifiques responsables des essais cliniques ont jugé que "l'amélioration de la survie [observée] est sans précédent dans une étude sur le cancer du sein métastatique", ont ils déclarés. "Ces données seront incroyablement significatives pour les patients et leurs familles."

"Nous devrions désormais considérer cette combinaison (pertuzumab+ trastuzumab) comme la norme de soins pour nos patients", a insisté Javier Cortes, l'un des co-auteur de l'étude. "Je ne vois aucune raison pour justifier l'utilisation du trastuzumab sans pertuzumab."

Les coûts des traitements à base de trastuzumab restent toutefois élevés (plus de 1.000 euros par mois en France)(2)

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(1) Les scientifiques qui ont mené l'étude sur cette molécule des laboratoires Roche® ont déclaré n'avoir aucun conflit d'intérêt.
(2) Une étude de 2007 avait estimé que le rapport coût/efficacité du ces thérapies étaient de l'ordre de 12.000 euros par année de vie gagnée.