Histoire du patrimoine : le site de mise en quarantaine devenu musée

Comme Notre-Dame de la Garde ou la trilogie de Pagnol, l'intendance sanitaire fait partie du patrimoine historique de la ville de Marseille. Et pourtant, elle reste aujourd'hui encore assez méconnue. Ce bâtiment a fait de Marseille une cité avant-gardiste en matière de protection sanitaire au temps de la peste et du choléra.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Marseille est l'un des ports les plus célèbres de France, haut lieu du commerce méditerranéen. Et si depuis des siècles, les richesses viennent de la mer, les épidémies aussi, et notamment la peste. Contre cette menace, les Marseillais ont appris à se protéger mais au XVIIe siècle, la méthode restait assez empirique.

À l'époque, le seul remède connu était le vinaigre, estimé pour ses vertus purificatrices. Mais avant le grand nettoyage, les navires étaient isolés, évacués au large de la cité phocéenne. Quelle que soit l'origine des bateaux, les marchandises ou la qualité des voyageurs, tous étaient promis au même sort : la quarantaine. Quand le capitaine rejoignait son navire, équipage et cargaison étaient alors convoyés dans un lieu clos appelé lazaret.

Puis les années passent et la médecine progresse. La découverte de médicaments anti-infectieux, de vaccins, puis d'antibiotiques rend le principe de la quarantaine archaïque. Mais les avancées de la science ne sont pas seules responsables de la disparition des lazarets comme l'explique Claude Herrera, conservateur du patrimoine aux archives départementales des Bouches-du-Rhône : "Il semblerait que les épidémies se raréfiant, les contraintes ont commencé à énerver les gens, les voyageurs, et surtout l'économie internationale. Car arrêter un navire pendant 40 jours était catastrophique pour l'économie".

L'intendance sanitaire change alors de nature. En 1945, les migrations d'après guerre transforment le système coercitif, en un instrument de contrôle plus moderne. Pas une police portuaire donc, mais une médecine d'accueil. Et pour pouvoir entrer sur le territoire, les arrivants suivent un parcours très précis, dans une nouvelle station sanitaire. Ils sont déshabillés, douchés, leurs vêtements désinfectés, puis sont pris en charge par le personnel soignant. Si des alertes sont détectées, un médecin établit un diagnostic et oriente le malade vers divers hôpitaux.

Si le lieu est avant-gardiste, il tombe rapidement en désuétude. Dans les années 1950, l'OMS préconise en effet de nouvelles règles sanitaires et le contrôle devient essentiellement administratif. La station n'a plus lieu d'être. Elle est laissée à l'abandon pendant quarante ans, avant d'être réhabilitée en musée.

En effet, la station sanitaire de Marseille vit aujourd'hui une seconde jeunesse. Sauvée de la démolition en 2009, elle a subi d'importants travaux de restauration et accueille depuis 2013 un musée d'art moderne : le musée Regards de Provence.