Quels mots crus sous la couette ?

Dans les années 1990, les amants parlaient parfois de faire l'amour, de vagin et de pénis... Aujourd'hui, les mots crus ont la cote sur l'oreiller et le Larousse est délaissé au profit de l'argot. Quels termes salaces sont murmurés sous la couette ? Hommes et femmes utilisent-ils un vocabulaire différent ? Une étude australienne apporte quelques réponses.

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
Quels mots crus sous la couette ?

En synthétisant deux études sur le dirty talk ("mots sales"), Peter Jonason et son équipe lancent un éclairage novateur sur le langage érotique utilisé par les amants. Leur travail est publié dans les Archives of Sexual Behavior en septembre 2015. Première découverte, qui s'oppose aux études précédentes, les mots ont leur place au lit puisque 92% des personnes interrogées dans l'étude parlent durant l'acte sexuel.

Individualiste versus mutualiste

Les auteurs de l'étude différencient les échanges centrés sur soi, qu'ils qualifient d'individualistes, et ceux dédiés au partage du plaisir, appelés mutualistes. Bonne nouvelle au pays du partage : les deux sexes utilisent davantage et tirent plus de plaisir des échanges mutualistes, qui apportent le plus de satisfaction sexuelle.

Dans la première étude, 569 conversations érotiques ont été rapportées en ligne. Les chercheurs en ont tiré huit thèmes principaux : la domination sexuelle ("prends-la", "es-tu mon esclave sexuel ?") ; la soumission sexuelle ("fais-moi ce que tu veux") ; la possession sexuelle ("tu es à moi") ; les fantasmes ("j'imagine que des gens nous regardent") ; les conseils pour guider ("va plus vite/plus fort",…) ; le renforcement positif ("tu es tellement bonne à ça", "j'aime ton odeur") ; les liens intimes ("je t'aime", "chéri",…) ; les appels réflexes ("Oui", "oh mon Dieu !").

La seconde étude a ensuite évalué les différences individuelles à l'intérieur des huit thèmes, ainsi que la satisfaction sexuelle. 283 participants, dont 52% de femmes, âgés de 19 à 68 ans, ont rempli une étude en ligne. 79% étaient dans une relation stable, 88% étaient hétérosexuels, 7% bisexuels et 4% homosexuels. Résultat : 92% utilisaient des paroles érotiques.

Au bout d'analyses complexes, les auteurs ont associé les thèmes de domination, soumission et possession sexuelles, ainsi que les fantasmes aux échanges individualistes. Les échanges mutualistes étaient liés aux conseils, au renforcement positif, aux liens intimes et aux appels.

Hommes-femmes : un vocabulaire différent ?

Hommes et femmes se ressemblent plus qu'ils ne diffèrent ; tous préfèrent les échanges mutualistes à ceux individualistes. Mais les auteurs sont parvenus à mettre en évidence une différence : les femmes préfèrent les mots axés sur l'intimité et la soumission et elles y prennent plus de plaisir que les hommes. La vie est bien faite : les femmes disent davantage de messages de soumission et préfèrent entendre des messages de domination. Les hommes sont plus excités d'entendre les mots soumis… La gent féminine les utiliserait pour renforcer la relation tandis que le "sexe fort" pourrait avoir un plus grand besoin de pouvoir et de contrôle et l'exprimerait verbalement.

En conclusion, les stéréotypes liés au genre semblent exister jusque dans le langage érotique et selon les auteurs, les amants ont sans doute appris à dire ce que l'autre sexe attend et le plaisir de leur partenaire leur donne du plaisir.

Sous la couette, tous les mots sont-ils permis ?

Certains mots restent tabou : d'après plusieurs études, c'est un mot "félin" qui remporte la palme, notamment chez les femmes. Alors avez-vous le droit de vous offusquer si votre amant parle de chatte dans vos draps en satin ? Certes, il est certainement très excité par ce mot… Mais si vous n'êtes pas à l'aise avec son vocabulaire, que cela vous freine dans votre plaisir ou vous bloque carrément, dites-le simplement. Et trouvez un terrain d'entente entre les mots argotiques et d'autres plus châtiés...

Et si vous souhaitez vous lâcher, allez-y progressivement et testez le terrain. Soyez sensible au silence, au regard interloqué, à la diminution des caresses et revenez à un vocabulaire plus doux. En revanche, si vous le sentez réceptif (ou la sentez réceptive), augmentez le degré de salacité.

Etude source : An Examination of the Nature of Erotic Talk. Jonason PK. Arch Sex Behav Sep 9. DOI 10.1007/s10508-015-0585-2

 

A quoi servent les mots crus ?

La majorité des amateurs de mots salaces les utilisent pour stimuler leur excitation et leur plaisir. Derrière les mots crus, se cache la transgression des codes de bonne éducation et qui dit transgression d'un tabou dit augmentation du plaisir… Les mots vulgaires augmentent la bestialité et c'est pourquoi ils peuvent choquer le partenaire.