Grippe : faut-il obliger les soignants à se vacciner ?

Fortement recommandée, la vaccination contre la grippe n'est pas obligatoire pour les soignants. Pourtant, les trois quarts d'entre eux sont en contact avec des patients fragiles, notamment des personnes âgées.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Maxime est infirmier dans un service de gériatrie à l'hôpital Paul-Brousse (AP-HP), à Villejuif. Au moment du repas ou pour la distribution des médicaments, il est en contact avec des patients âgés. Alors depuis sept ans, avant le début de l'hiver, il se fait vacciner contre la grippe. "Ça fait très longtemps que je n'ai pas eu la grippe. Donc ça marche. Plus les personnes sont vaccinées, moins il y aura de chance de contracter la maladie ou de la transporter à l'intérieur du service ou dans l'hôpital." 

Objectif : 50% des soignants vaccinés

Dans ce service, on est très vigilant en période d'épidémie. Le regroupement en collectivité favorise en effet la contagion. Les patients ont déjà été vaccinés. Mais avec l'âge, l'efficacité du vaccin diminue, particulièrement chez les personnes déjà malades et dénutries. Le Dr Christophe Trivalle, chef du service de gériatrie, explique : "Certains patients n'auront pas une bonne réponse vaccinale. Si on veut les protéger au maximum, il faut vacciner le personnel soignant. Pour avoir un effet entre vaccination patient/soignant, il faut un minimum de 50% du personnel vacciné".

Cet objectif semble difficile à atteindre. Pour certains soignants, le bénéfice de la vaccination n'est pas assez important par rapport aux risques. "J’essaie d’avoir un minimum de précautions. Je me lave les mains, je ne touche pas les barres dans les transports, j’ai souvent la solution hydro-alcoolique pour me désinfecter les mains...", explique Marie Traore, aide médico-psychologique, "je trouve qu’on ne sait pas ce qu’il nous injecte". Même discours pour Maxime Lassalle, aide-soignant : "On ne sait pas vraiment ce que ça donne à long terme de se faire injecter des vaccins tous les ans".  

Une protection pour les patients les plus fragiles

Pour combattre les idées reçues, les encadrants du service font de la prévention. Ils proposent même de vacciner les volontaires au sein du service. Cette année, sur 70 employés, 20 sont vaccinés. C’est mieux qu'en 2016, mais on est encore loin de l'objectif. L'année dernière, 14.000 patients, essentiellement âgés de plus de 75 ans, avaient succombé des suites de la grippe.