Papillomavirus : un vaccin sans danger

Depuis 2007, il est accusé de tous les maux… Le vaccin contre le papillomavirus humain, qui protège de certaines formes de cancer de l'utérus, ne présenterait en définitive aucun danger pour ses utilisatrices. Des résultats rassurants, selon l'Agence du médicament.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Le Gardasil® et le Cervarix® sont les deux vaccins utilisés pour protéger du papillomavirus humain.
Le Gardasil® et le Cervarix® sont les deux vaccins utilisés pour protéger du papillomavirus humain.

Cette solide étude française devrait balayer les méfiances des plus sceptiques sur les dangers supposés des vaccins contre le papillomavirus (HPV). Menés conjointement par l'Agence du médicament et l'Assurance maladie, ces travaux sont les plus importants jamais réalisés sur le sujet, avec une ampleur inédite de 2,2 millions de jeunes femmes suivies. Parmi elles, plus de 800.000 jeunes filles de 13 à 16 ans avaient été vaccinées par les deux vaccins mis sur le marché : le Gardasil® et le Cervarix®.

Les conclusions sont sans équivoque : "la vaccination n'entraîne pas d'augmentation du risque global de survenue de maladies auto-immunes" explique le rapport. Au total, les chercheurs se sont penchés sur 14 maladies auto-immunes, incriminées de près ou de loin depuis la commercialisation des vaccins en 2006 : sclérose en plaques, lupus, syndrome de Guillain-Barré, polyarthrite rhumatoïde ou encore maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI)…. Ces "résultats rassurants" viennent consolider toutes les données scientifiques déjà existantes.

Une légère augmentation du syndrome de Guillain-Barré ?

Malgré tout, deux maladies se dégagent légèrement du lot et pourraient avoir une "légère association statistique" avec la vaccination : le syndrome de Guillain-Barré et les MICI. Le syndrome de Guillain-Barré est une atteinte des nerfs qui conduit parfois à une paralysie progressive. Sur les 820.000 adolescentes vaccinées, 19 ont développé ce symptôme, soit 2 pour 100.000. Or, la prévalence globale de ce syndrome rarissime dans la population générale est de 2,8 pour 100.000 … L'association statistique est donc presque indécelable, mais l'ANSM précise que l'apparition de Guillain-Barré est tout de même plus forte dans les trois premiers mois après la vaccination. Un risque existe donc pendant ces premiers mois. Deux ans après la commercialisation du vaccin, ce symptome avait été apposé sur la notice.

Concernant l'augmentation très faible des MICI, l'étude parie sur un "hasard" statistique. D'autant plus que cette association n'a pour l'instant jamais été prouvée dans d'autres études. "Ces résultats restent à confirmer" tranche donc l'étude.

Une chose est sûre : aucune association n'est prouvée entre ce vaccin et l'apparition de la sclérose en plaques. En 2013, le lien avec cette maladie auto-immune avait fait grand bruit. Une jeune Landaise avait porté plainte après avoir développé la maladie à la suite d'une vaccination au Gardasil®. La plainte suit toujours son cours - huit autres ont été déposées la même année en France.

La vraie question est celle de l'efficacité

Depuis sa mise sur le marché en 2006, le Gardasil® est sous surveillance rapprochée. Le vaccin suscite bon nombre d'interrogations et de doutes, notamment auprès d'une partie de la communauté scientifique. Ce ne sont pas les supposés dangers que redoutent chercheurs et médecins. En réalité, une partie s'interroge sur la pertinence de la stratégie vaccinale mise en place par les autorités de santé. La rapidité avec laquelle les laboratoires Merck et GSK ont obtenu leur autorisation de mise sur le marché questionne, évoquant pour certains de possibles conflits d'intérêts (aux Etats-Unis et en Espagne notamment) entre laboratoires et autorités de santé publique.

L'utilité réelle du vaccin est également source d'interrogations. En effet, le cancer du col l'utérus n'étant pas considéré comme un problème majeur de santé publique, pourquoi recommander l'injection du vaccin à toutes les jeunes filles de 11 à 14 ans ? D'autant plus que le recul sur l'efficacité du vaccin reste limité. Actuellement, il est seulement montré que ce vaccin protège pour quatre ans. Or, l'apparition des tumeurs apparaît souvent quinze ans après la contamination par les papillomavirus…

Le Gardasil® n'a pas fini de faire parler de lui. A près de 130 euros la dose (dont 65% sont remboursés par la Sécu), les jeunes Françaises restent réticentes à la vaccination. Seules 18% se font vacciner, contre 70% en Belgique. Les auteurs de l'étude espèrent que leurs résultats rassureront les adolescentes les plus sceptiques. La vaccination contre le papillomavirus reste un complément au frottis, indispensable pour un bon dépistage. Chaque année, 1.000 Françaises décèdent suite à un cancer du col de l'utérus.

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Source : Vaccins anti-HPV et risque de maladies auto- immunes : étude pharmacoépidémiologique. Septembre 2015