Fillon/Juppé : deux visions de la santé

Dimanche prochain, les électeurs voteront pour le deuxième tour des primaires de la droite et du centre. Si vous comptez, vous aussi, vous rendre aux urnes, nous vous proposons d’y voir plus clair dans les programmes de santé de François Fillon et Alain Juppé.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Fillon/Juppé : deux visions de la santé - Débat du 23 novembre 2016 sur le plateau du Magazine de la Santé
Fillon/Juppé : deux visions de la santé - Débat du 23 novembre 2016 sur le plateau du Magazine de la Santé

Le 23 novembre, "Le Magazine de la santé" recevait les deux porte-paroles santé des candidats à la primaire de la droite et du centre. D'un côté, le professeur Dominique Stoppa-Lyonnet, chef du service de génétique de l'institut Curie et porte-parole de François Fillon, et de l'autre, Jean Leonetti, célèbre pour sa loi sur la fin de vie, médecin cardiologue de formation et porte-parole d'Alain Juppé. Les deux conseillers nous détaillent les programmes de leurs candidats en terme santé. Retour sur les débats. 

Assurance maladie : ce qui va changer

François Fillon, ouvertement libéral, souhaite revoir totalement la place de l’Assurance-maladie dans la prise en charge des frais de santé. "Il propose une chasse au gaspis (…) en répartissant les dépenses à la fois sur l’Assurance-maladie et les complémentaires", détaille Dominique Stoppa-Lyonnet. Une mesure qui entraînerait une augmentation considérable des cotisations privées et des franchises, d'environ 300 euros par personne et par an.

Pour Jean Leonetti, à l’inverse, la Sécurité sociale fait partie des "fondamentaux". "La Sécu, c’est la solidarité nationale pour ceux qui sont malades", explique-t-il. Il est donc contre le fait d'imposer une franchise à tous les malades. "La franchise c’est tout le monde qui paye, à la place de la solidarité nationale. C’est en rupture avec l’esprit de 1945", ajoute-t-il. Le programme d'Alain Juppé est plutôt de "décharger l’ensemble des systèmes" en regroupant le système hospitalier, en utilisant le numérique ou la télémédecine. "On ne doit pas toucher à la solidarité vis-à-vis des malades et à l’excellence de la médecine française", assure le médecin.

Désengorger les Urgences ?

François Fillon avait proposé de faire payer ceux qui se rendent aux Urgences sans cause valable. Une proposition à laquelle s’oppose, étonnamment, sa porte-parole. "Ce n’est pas aux personnes de faire leurs propres diagnostics", insiste Dominique Stoppa-Lyonnet. A la place, François Fillon propose la mise en place de maisons médicales de garde, pour des petites urgences.

Une proposition à laquelle semble également adhérer le porte-parole d’Alain Juppé. Il ajoute par ailleurs qu’il faut arrêter "de regarder la médecine comme quelque chose qui coûte cher, alors qu’elle a donné dix ans de survie en plus aux Français ces dernieres années".

La fin des 35 heures à l'hôpital ?

"François Fillon a une vision très drastique sur la baisse des fonctionnaires", rappelle Dominique Stoppa-Lyonnet. Il souhaite en effet supprimer 500.000 postes de fonctionnaires, notamment dans la fonction hospitalière. Pour cela, il propose que le personnel hospitalier, infirmiers, aides-soignants, passe à 39 heures de travail par semaine, tout en étant payé 35. "Il faudra voir au cas par cas, établissement hospitalier par établissement hospitalier (…). Il ne s’agit pas de limiter la qualité des soins", rassure dans la foulée sa porte-parole, ajoutant que "ce n'est pas qu’administratif, on peut aussi voir ce que peuvent nous apporter les nouvelles technologies".

"Je vois mal comment on peut expliquer à une infirmière qu’elle va avoir une double peine, lui répond Jean Leonetti. C’est une profession de santé éminemment utile (…) et en souffrance". Pour son candidat, si la fonction hospitalière passe aux 39 heures, il faudra qu’elle soit payée 39. Alain Juppé milite également pour que la médecine libérale retrouve une place centrale dans la santé. Un avis que partage son adversaire. "Il faut sortir de l’hospitalocentrisme qui fait qu’à la fin, l’hôpital finit par tout faire en matière de santé", conclut Jean Leonetti.