Etablissement pharmaceutique de l'AP-HP : la pharmacie des hôpitaux

La pharmacie centrale des hôpitaux est un lieu méconnu où sont fabriqués toutes sortes de produits et médicaments indispensables, et notamment ceux que les laboratoires pharmaceutiques négligent parce qu'ils ne sont pas rentables.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Le chloroforme, premier anesthésique général découvert en 1832, les liquides pour conserver les organes à greffer, ou encore la fabrication des premiers gants de chirurgie jetables... Tous ces éléments ont été produits à l'ancienne pharmacie centrale des hôpitaux de Paris, désormais Etablissement pharmaceutique de l'AP-HP. Et ce lieu de conception et de fabrication publique de médicaments reste indispensable pour remplir les missions qui n'intéressent pas les laboratoires privés.

"L'idée est de répondre de manière totalement inédite à des besoins qui ne sont pas couverts en France en matière de médicaments par l'industrie pharmaceutique concurrentielle. Et donc de permettre la mise à disposition de produits non couverte sur le marché", explique Michaël Cohen, directeur de l'Agence générale des équipements et produits de santé.

Autrement dit, pas question d'atteindre des niveaux de production rentables. Les seules matières premières achetées en grande quantité sont le lactose et le sucre qui entrent dans la composition de différents traitements. Pour les véritables principes actifs de chaque médicament, les stocks sont beaucoup plus limités.

En conjuguant petit nombre de patients et très faibles doses pour les prématurés par exemple, les quantités consommées sont réduites et l'établissement doit parfois détruire les matières premières non utilisées, arrivées à péremption. Mais la qualité reste maximale, le laboratoire contrôle systématiquement tout ce qui entre dans la chaîne de production.

Des contrôles à tous les stades de la production

S'il y a plus de 0,1% d'intrus indésirables par rapport à la substance active par exemple, la matière première sera refusée. Tout le processus de fabrication est ensuite sécurisé pour conserver cette pureté, avec des flux d'air entièrement contrôlés. La composition bactériologique de l'air est également analysée en permanence. Et à la moindre alerte, la production s'arrête. Les plus hauts standards pharmaceutiques doivent être respectés tout en fabriquant les petits lots de médicaments correspondant aux maladies rares traitées.

Trois heures suffisent pour produire 60.000 gélules alors qu'il faut plusieurs jours pour remettre chaque circuit à neuf entre deux lots de traitements différents. Cette logistique associe en permanence l'automatisation ultra sécurisée et une part d'artisanat autour des machines. Impossible de faire des bénéfices car il s'agit de médicaments de service public conçus par les équipes hospitalières de l'AP-HP.

"L'objectif est de poursuivre l'innovation pharmaceutique en lien avec les hôpitaux, les centres de référence et les partenaires", précise Michaël Cohen "de façon à mettre à disposition dans les prochaines années des thérapeutiques nouvelles". De nouveaux traitements devraient effectivement bientôt voir le jour grâce aux 168 essais cliniques en cours.