80 médecins de Seine-Saint-Denis annoncent leur démission

Depuis le 27 janvier, plus de 600 médecins chefs de service hospitaliers ont démissionné de leurs fonctions administratives. Aujourd’hui, c'est au tour de la Seine-Saint-Denis. Les médecins de 6 hôpitaux de Seine-saint-Denis ont posé leur démission, pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail.

La rédaction d'Allo Docteurs
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« Depuis le début des années 2000, les choix politiques qui ont été faits ont considérablement modifié l’organisation et le financement de l’hôpital public en France. La situation était depuis longtemps alarmante, elle est aujourd’hui dramatique » dénonce le dr Yacine Tandjaoui-Lambiotte, médecin réanimateur à l’hôpital Avicenne

Dégradation des conditions d’accueil des patients, personnel épuisé …

Pour dénoncer leurs conditions de travail et alerter sur la situation de l’hôpital public des dizaines médecins de Seine-Saint-Denis ont démissionné jeudi 6 février de leurs mandats administratifs.

« Malgré le plan qui a été proposé par la ministre de la santé qui est malheureusement totalement insuffisant, on ne pourra pas endiguer l’effritement, le délitement et malheureusement le crash de l’hôpital si les choses ne changent pas de façon radicale » poursuit le dr Tandjaoui-Lambiotte.

Pour le dr Noël Pommepuy, pédopsychiatre à l’Établissement de Ville-Evrard à Neuilly-Plaisance, démissionner est le seul moyen de tirer la sonnette d’alarme : « Comme on n’a pas de possibilité de faire la grève nous avons décidé de cette action pour faire réagir les pouvoirs publics pour qu’enfin ils entament des négociations. »

Ce matin, 616 médecins avaient déjà remis leur démission en France. En Seine Saint-Denis ils étaient près de 80. Des médecins qui exercent dans 6 hôpitaux du département : Au Centre hospitalier Robert Bellanger d’Aulnay-sous-Bois, dans les hôpitaux Avicenne ; Delafontaine ; Jean-Verdier. Ville-Evrard à Neuilly-Plaisance et à l’hôpital André Gregoire de Montreuil.

Dans un département où les médecins de ville manquent et où la population est fragilisée par des difficultés économiques, ces praticiens hospitaliers estiment qu’ils n’ont plus les moyens d’exercer correctement leur métier.

« Nous sommes obligés de nous transformer en secrétaire, en assistante sociale en femmes de ménage, explique le dr Ghada Hatem, Gynécologue à l’Hôpital Delafontaine. Tout en étant des managers pour continuer à mobiliser nos équipes malgré la pénurie parce que ce qu’on fait a du sens. Donc aujourd’hui, je crois qu’il est temps de dire haut et fort : on ne veut plus de cette médecine là, on ne veut plus fonctionner comme ça… »

Pour répondre à cette urgence, la ministre de la Santé a annoncé qu’elle recevra les médecins démissionnaires. Mais ça ne devrait pas être avant la mi-mars.