Les poches de nutrition apparemment hors de cause dans la mort de deux bébés

Une enquête sanitaire a été ouverte après le décès de deux jeunes enfants alimentés avec des poches de nutrition provenant d'un même fabricant, a annoncé mercredi 4 février l'Agence du médicament (ANSM). Plus tard dans la journée, le ministère de la Santé a déclaré que les investigations réalisées mettaient pour l'heure "hors de cause" lesdites poches.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Le Canard enchaîné daté du 4 février révélait que l'ANSM avait ordonné, le 27 janvier, le retrait d'un lot de 193 poches de nutrition parentérale (voir encadré), suite au décès d'un enfant de 2 ans à l'hôpital de Caen quatre jours plus tôt.

Une septicémie s'était déclarée quelques heures après l'administration d'une poche de nutrition. Le retrait a donc été ordonné par mesure de précaution, rien n'incriminant formellement ces poches fabriquées par la société Fasonut, filiale du laboratoire Baxter.

Suite à la parution de l'hebdomadaire, l'ANSM a précisé par voie de communiqué qu'"aucune des investigations réalisées à ce stade ne condui[sai]t à mettre en cause les conditions de fabrication du produit administré", "une inspection sur le site de fabrication des poches" ayant été diligentée le 27 janvier.

Le site de fabrication de Fasonut à Strasbourg "a été l'objet d'une inspection approfondie pendant deux jours", a confirmé à l'AFP une porte parole de Baxter. "Aucune anomalie" n'a été détectée, a-t-elle assuré.

Décès d'un second enfant nourri avec une poche du même lot

Un second signalement est intervenu concernant le décès d'un grand prématuré, le 29 janvier, au GHR Sud-Alsace. Celui-ci avait été nourri avec une poche de nutrition issue du même lot. Toutefois, ajoute l'ANSM, "selon les premiers éléments disponibles, ce décès ne serait pas lié à l'administration de cette poche."

"Les autorités sanitaires poursuivent leurs investigations pour identifier les causes respectives de ces deux décès", ajoute-t-elle.

Dans un communiqué, la Direction générale de la Santé a indiqué que, "dans les deux cas, les investigations conduites par les autorités sanitaires ne mettent en cause ni les conditions de fabrication, ni le contenu de la poche de nutrition parentérale. En l'état actuel des éléments dont nous disposons, aucun lien ne peut être établi entre les deux décès signalés."

Utilisation non validée de désinfectants

Fasonut indique sur son site fabriquer 15.000 poches par mois, soit 180.000 par an (chiffres 2013).

En octobre 2014, l'ANSM avait transmis une "injonction" à ce fabricant lui demandant de remédier à plusieurs "non conformités", dont "l'utilisation non validée de désinfectants".

En décembre 2013, trois bébés étaient décédés à l'hôpital de Chambéry après avoir été alimentés avec des poches de nutrition d'un autre fabricant, le laboratoire Marette. Leurs décès avaient été imputés à une infection due à un germe rare, une entérobactérie non encore décrite jusqu'alors. Ce laboratoire a fermé en juillet dernier pour "raisons économiques" après plus six mois de suspension d'activité.

Un an après les faits, les causes de la contamination n'étaient toujours pas établies. Aucune trace du germe incriminé n'avait, en effet, été retrouvée dans les locaux de Marette. "[L'entérobactérie] pourrait avoir été indétectable au laboratoire, puis s'être développée dans les poches", a avancé hypothèse comme un proche de l'instruction au pôle santé publique de Marseille aux journalistes du Canard Enchaîné. Les conditions de stockages des poches sur le site de Chambéry ont également été suspectées par les enquêteurs.

Quand les enfants présentent des troubles digestifs qui nécessitent une alimentation artificielle, des poches de nutrition doivent être prévues. Des poches prescrites, fabriquées à la demande et commandées chaque matin par le médecin. Le médecin en détermine le dosage selon les besoins de chaque patient.

Le Magazine de la Santé avait consacré un reportage au mode de fabrication de ces poches en janvier 2014.