Overdoses d'opiacés : New York attaque les géants pharmaceutiques

La première ville des Etats-Unis a déposé devant la Cour suprême une plainte contre cinq laboratoires pharmaceutiques pour leur rôle dans l'épidémie d'overdoses d'opiacés.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Le taux de mortalité par overdose aux Etats-Unis a augmenté de plus de 20 % entre 2015 et 2016. (Photo Visual Hunt)
Le taux de mortalité par overdose aux Etats-Unis a augmenté de plus de 20 % entre 2015 et 2016. (Photo Visual Hunt)

En 2016, 64.000 Américains ont succombé à une overdose d'opiacés, selon les Centres de prévention des maladies américaines. Pour rappel, les opiacés sont des substances psychoactives tirées du pavot à opium. Parmi elles, on retrouve notamment la morphine et l'héroïne. ​

Face à cette vague de décès, Donald Trump a décrété en octobre dernier que l'épidémie des opiacés constituait une urgence de santé publique. Par ailleurs, les géants pharmaceutiques sont de plus en plus pointés du doigt pour leur rôle dans cette crise.

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Dans une plainte déposée mardi, New-York a assigné les sociétés Purdue Pharma, Teva, Cephalon, Johnson&Johnson et Janssen en justice. La ville réclame notamment "un demi-milliard de dollars" pour aider à financer la lutte contre cette épidémie née de la sur-prescription de ces puissants antidouleurs.  

Les overdoses d'opiacés, fléau américain

Aux Etats-Unis, il est relativement facile de se procurer des opiacés. En effet, la vérification de l'historique des prescriptions des patients n'est pas obligatoire dans tous les Etats. Ainsi, cela permet à certains toxicomanes de prendre plusieurs rendez-vous médicaux dans différents cabinets afin d'obtenir le plus de pilules. Un phénomène nommé le "doctor shopping" et dénoncé par le CDC. 

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Selon les estimations de l'instance, plus de 11 millions d'Américains ont un mauvais usage des opiacés. Parmi eux, 2 millions développent une addiction, à l'instar de Nan Goldin, célèbre photographe rentrée elle aussi en lutte contre les géants pharmaceutiques. Souffrant d'une tendinite, cette dernière se voit prescrire de l'oxycontin, un analgésique stupéfiant très puissant appartenant à la famille des opioïdes. Une prescription qui va l'entraîner dans une spirale d'addiction qui durera près de deux ans. 

Dans une lettre accompagnant la pétition qu'elle a lancée contre Pharma Purdue, la photographe se confie : "J'ai survécu à la crise des opiacés. J'ai failli y rester". Pour rappel, le taux de mortalité par overdose à New York a doublé entre 2010 et 2016. Selon la mairie de la ville, l'épidémie fait actuellement plus de victimes que les accidents de voiture et les homicides réunis. 

Lutter contre la "disparition d'une nouvelle génération"

La pétition lancée par Nan Goldin a aujourd'hui été signée plus de 6.000 fois. La photographe a également formé un groupe, PAIN (Prescription Addiction Intervention Now) et lancé un hashtag #ShameonSackler, en référence au nom de la famille Sackler, qui contrôle le groupe Purdue Pharma. Son but ? Pousser les Slacker à financer des programmes de traitement et de prévention afin de limiter les ordonnances d'opiacés et de faire connaître leurs dangers. 

Nan Goldin appelle également musées et universités bénéficiant des dons de la famille (dont le Metropolitan Museum, le Guggenheim ou encore Harvard) à "refuser leurs prochains dons". "La plupart des gens de mon entourage sont morts du sida. Je ne peux pas assister à la disparation d'une nouvelle génération" a récemment déclaré l'artiste. 

Dans une lettre ouverte, Purdue Pharma a répondu aux accusations en assurant agir activement pour enrayer l'épidémie. "Notre industrie et notre société prennent déjà et vont continuer à prendre des mesures significatives pour réduire l'abus d'opiacés" a assuré le groupe. Le laboratoire a également affirmé soutenir les initiatives pour éduquer les médecins et travailler au développement d'anti-douleurs non opiacés. 

De son côté, la ville de New York entend également poursuivre le combat. Le maire, Bill de Blasio, a déclaré dans un communiqué qu'il était "temps que ces sociétés soient tenues pour responsables" et "qu'elles aident à sauver des vies".