Dilemme face aux microbes : sèche-mains ou serviettes en papier ?

Utiliser un sèche-mains à air pulsé ne serait pas si hygiénique que cela. Ce sont, en tout cas, les conclusions de deux études publiées récemment sur le sujet. 

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Un sèche-main à air pulsé. (cc Tomwsulcer)
Un sèche-main à air pulsé. (cc Tomwsulcer)

Vous préservez l’environnement en les utilisant, mais pas vos voisins ! Les nouveaux sèche-mains électriques, dits à air pulsé, sont en effet peu recommandables si vous comptez éviter de partager vos microbes. C’est en tout cas ce qu’une étude, publiée en février dernier dans le Journal of Applied Microbiology, vient de confirmer, un peu plus d’un an après une publication similaire parue dans le Journal of Hospital Infection.

En 2014, en effet, des chercheurs de l’université de Leeds, au Royaume-Uni, avaient constaté que, lors du séchage des mains, la dispersion de bactéries de type lactobacille (une bactérie que l’on retrouve sur des mains mal lavées, à la sortie des toilettes) dans l’environnement proche était 4,5 fois plus élevée pour un sèche-main à air pulsé que pour un sèche-main à air chaud et 27 fois plus importante qu’avec une serviette en papier.

Cette fois-ci, des scientifiques de l’Université de Westminster, en Angleterre, ont étudié la dissémination d’un virus, le bactériophage MS2, avec chacun des trois systèmes. Ainsi, à 3 mètres, la projection du micro-organisme avec un sèche-main à air pulsé est 20 fois plus élevée qu’avec un appareil à air chaud et 90 fois plus qu’avec une serviette en papier. Par ailleurs, 15 minutes après l’utilisation du sèche-main nouvelle génération, la quantité de virus présente dans l’atmosphère est 50 fois plus élevée qu’avec celui à air chaud et 100 fois plus qu’avec les fameuses serviettes en papier.

Or, d’après une étude américaine[1], 80% des microbes (virus et bactéries confondus) se transmettent par les mains. Aussi, et même si, en France, plus de 8 personnes sur 10 se lavent systématiquement les mains après être allées aux toilettes (81% contre 84% en 2010)[2], les bons gestes[3] pour une hygiène correcte des mains ne sont pas toujours bien adoptés. Bactéries et virus pathogènes ont donc tout le loisir de se répandre dans notre environnement.

Reste que ces deux études, dans leurs conclusions, insistent davantage sur une réévaluation de l’emploi des sèche-mains à air pulsé dans les centres de santé et dans l’industrie agro-alimentaire que dans les lieux publics, où les conséquences sanitaires d’une utilisation de ces machines sont beaucoup moins problématiques.

 


[1] Étude sur l'Importance des fomites dans la transmission des maladies infectieuses, Charles P. Gerba, Université d'Arizona, Tucson

[2] Etude Inpes / BVA – « Attitudes et comportements en matière de prévention de la transmission des virus de l’hiver » – novembre 2012 – réalisée sur un échantillon national représentatif de 1206 personnes dont 306 parents d’enfants de moins de 5 ans

[3] http://www.inpes.sante.fr/grippeAH1N1/pdf/affichette-hygiene-des-mains.pdf