Le Smecta, médicament français victime du générique ?

Pansement intestinal populaire dans le monde entier, le Smecta est un médicament 100% made in France. Mais à partir d’aujourd’hui, il sera moins bien remboursé, au profit d’un générique produit à l’étranger. 

Alicia Mihami
Rédigé le , mis à jour le
Le Smecta sera désormais moins bien remboursé que le générique produit par Mylan et fabriqué en Chine (Image d'illustration / Licence Creative Commons)
Le Smecta sera désormais moins bien remboursé que le générique produit par Mylan et fabriqué en Chine (Image d'illustration / Licence Creative Commons)

La baisse des remboursements des médicaments non-génériques, entamée en 2020 se poursuit. À partir d’aujourd’hui, le Smecta, pansement intestinal 100% français utilisé en cas de maux de ventre et de diarrhées, sera moins bien remboursé que le générique produit par le laboratoire américain Mylan... et fabriqué en Chine.  

Depuis janvier 2020, le remboursement des médicaments princeps, c’est-à-dire soumis à un brevet, est annexé au prix du générique. Autrement dit, si vous choisissez d’acheter un médicament “de marque” plutôt qu’un générique, la différence sera à votre charge. Dans le cas du Smecta, le prix du générique étant fixé à 3,60 euros et celui du Smecta à 4,39 euros pour une boîte de 30 sachets. A compter d’aujourd’hui, vous devrez vous acquitter d’un reste à charge de 79 centimes. 

Favoriser le générique 

Cette baisse de remboursement s’inscrit dans une volonté plus large de mettre les génériques au premier plan. En France, moins de 40% des médicaments princeps sont inscrits dans le répertoire des médicaments génériques, c'est-à-dire qu'ils peuvent être fabriqués par d'autres laboratoires et vendus moins cher. 

Pour favoriser le générique et faire des économies, des mesures incitatives ont été mises en place. Depuis 2015, les médecins sont tenus de rédiger leurs ordonnances en dénomination commune internationale (DCI). Prescrire en DCI, c’est utiliser le nom scientifique du médicament et donc recommander une molécule plutôt qu’une marque. 

Pour contrer la réticence de certains médecins à respecter la prescription en DCI,  les pharmaciens doivent systématiquement substituer tout médicament princeps par un générique. S’ils ne le font pas, l’Assurance Maladie peut rejeter le dossier et refuser de payer. 

Mauvaise nouvelle pour le fabricant français

L’arrivée du générique sur le marché est une mauvaise nouvelle pour le laboratoire Ipsen, qui produit le Smecta. Jusqu’à présent le générique produit en Chine ne correspondait pas aux normes de qualité fixées par l’Union européenne. Mais depuis novembre 2019, le médicament générique est autorisé sur le marché français et son remboursement est validé par l’Assurance Maladie. 

La publication au Journal Officiel le 3 février du tarif de remboursement du générique vient donc confirmer ce que craignait Ipsen. Malgré leurs appels auprès du CEPS (Comité Economique des Produits de Santé), l'organisme en charge de la fixation des prix des médicaments, c’est bien le générique qui sera le mieux remboursé. Pourtant, le laboratoire français avait déjà fait des concessions, en acceptant de baisser son prix à plusieurs reprises. 

Une décision que Ipsen a du mal à avaler. Pour le laboratoire français, en cherchant à tout prix à favoriser l’usage des génériques, les autorités sanitaires françaises mettent en difficulté la production française. 90 postes du pôle Santé familiale d’Ipsen ont déjà été supprimés fin 2020.