Renouer avec la nature pour combattre l'éco-anxiété

L’éco-anxiété est un sentiment d’inquiétude chronique suscité par la crise environnementale et climatique. Pour la diminuer et s'apaiser, agir au plus proche de la nature est une piste. Reportage.

Charles Behr
Rédigé le
Lutter contre l'éco-anxiété en agissant pour l'environnement
Lutter contre l'éco-anxiété en agissant pour l'environnement  —  Le Mag de la Santé - France 5

La nature est un endroit qui apaise Gilles Lambert, 57 ans et éco-anxieux. Il y a 10 ans, il a pris brutalement conscience des changements climatiques, non sans culpabilité."Les informations vous arrivent en pleine figure et vous n'êtes pas prêt. Quand on fait un bilan de comment on a vécu pendant des années, je me suis aperçu que j’avais pollué sans réfléchir et donc ça a développé un niveau important danxiété", explique-t-il.

"J'ai mis un certain temps à comprendre que la colère ne servait pas à grand chose. C’est une énergie, mais pas forcément bonne à entretenir", renchérit Gilles.

Une énergie pour changer les choses

Cette énergie, auparavant destructrice, Gilles l’utilise désormais pour changer les choses. Lui, qui menait avant de gros projets immobiliers a modifié sa façon de travailler. Dans cet éco-quartier, Gilles a fait construire des maisons basse consommation occupées par 17 personnes de toute génération.

Pour vivre ici, une seule condition est nécessaire, tous doivent partager le même état d’esprit, être respectueux de l’environnement. "Là, on a l’espace poules qu’on souhaite agrandir, puis il y a un espace potager partagé, et souvent pour vérifier que tout va bien à côté des poules, on a installé un rituel café-poules. Après le repas, on vient prendre un café, ça permet de voir que tout va bien", confie Benoît, habitant de "Cologi".

Agir pour se ressourcer

En Rhône-Alpes, Gilles a développé une vingtaine habitats partagés comme celui-ci. C’est sa façon d’agir pour diminuer son anxiété."C’est dans le "faire" qu’on arrive à se ressourcer et à éviter de justement ruminer en disant que ça va mal et qu’on n'a pas de solutions. Pour moi, ça fait partie des solutions de créer des lieux de vie comme ça", précise Gilles.

Parmi les habitants, Karine, également éco-anxieuse. Grâce à ce projet, elle se sent entourée et comprise. "Je garde quand même une anxiété sur ce qu’on va devenir, ce que vont devenir les enfants. Mais en même temps on ne parle pas que de ça", explique Karine, habitante de "Cologi".

"Ils ne sont pas fous, c’est normal d’être inquiet"

Marc-Yvan Juillard est psychologue, il reçoit de plus en plus d’éco-anxieux de tous âges dans son cabinet."Ce ne sont pas eux qui sont fous. Ce n'est pas quelque chose qu’on soigne, c’est normal d’être inquiet. Après quand une espèce de rébellion sans fin s’installe, ça va créer de la souffrance, de la violence à l’intérieur des gens", commente-t-il.

Gilles le reconnaît, en plus de ses actions, s’il a pu s’en sortir, c’est aussi grâce à l’écoute de sa famille, une façon d’évacuer son tourbillon d’émotions.