Quand la réalité virtuelle forme les médecins légistes de demain

Faire ses premiers pas avec un casque de réalité virtuelle, c'est ce que propose le CHU de Rouen à ses internes légistes. L'objectif : se former sur des scènes de crimes fictives. Reportage.

Sibylle de Barthez
Rédigé le
Des scènes de crimes virtuelles pour former les médecins légistes
Des scènes de crimes virtuelles pour former les médecins légistes  —  Le Mag de la Santé - France 5

Le cadavre d’un jeune homme vient d'être découvert dans un entrepôt par l'un de ses collègues. Benjamin, avec sa combinaison, ses doubles gants et sa mallette, se prépare pour l'autopsie. Pour se rendre sur place, il faut enfiler un casque.

"J’ai des traces de sang, à ce niveau-là. Des projections, ici des coulées de sang. J’aperçois le corps au loin. J’ai l’impression qu’il y a un impact de balle au sol", analyse Benjamin Charroy, interne en médecine légale au CHU de Rouen.

Observer, agir, prendre les bonnes décisions

Benjamin est interne en médecine légale au CHU de Rouen. Équipé de deux manettes, il peut agir comme sur une vraie scène de crime et manipuler la victime. Avec cet examen médical, Benjamin essaie de déterminer précisément les causes de la mort. Assassinat ou suicide... Tous les scénarios sont à prendre en compte. 

Depuis quatre mois, le Dr Benjamin Mokdad, médecin légiste et créateur de cet outil, prépare ses élèves à la réalité du terrain."Ce simulateur-là permet de créer des automatismes sur lesquels on peut se raccrocher si on est un peu impressionné par le magistrat, les enquêteurs, les pompiers... Il peut y avoir du monde, si ça se passe dans une rue, il peut y avoir des gens aux fenêtres. Il faut être bien concentré sur ce que l’on fait et avoir des automatismes pour être sûr de ne rien oublier", explique-t-il.

Dix scènes de crime différentes

Au total, dix scénarios inspirés des vrais dossiers du Dr Mokdad mettent à rude épreuve logique et sens de l’observation des étudiants."Il doit interpréter les lésions en fonction de l’environnement. Il y a des projections au sang, il doit estimer quelle projection est en lien avec quel tir. Essayer de créer des scénarios riches en éléments pour que l’étudiant ait plein de choses à analyser", poursuit le Dr Benjamin Mokdad.  

"Il a bien analysé la plaie qu'il a localisée au niveau de la tête. L’hypothèse de l’exécution est la plus probable. Le scénario qu’il a proposé à la fin est plutôt bon", commente le Dr Benjamin Mokdad.

Presque comme dans la réalité et sans stress

Après 20 minutes d'immersion, c'est le retour à la réalité. "C’est bluffant, c’est super intéressant, très immersif. On a la théorie dans les livres, mais là, c’est vraiment de la pratique sans stress. Un vrai plus pour la formation", conclut Benjamin Charroy.

À terme, ce prototype de presque 20 000 euros pourrait proposer de nouveaux scénarios immersifs sur d'autres domaines de la médecine légale.