Pourquoi les habitants des campagnes meurent plus tôt que ceux des villes

Les écarts d'espérance de vie entre villes et campagnes restent forts, selon une étude de l'Association des maires ruraux de France. L'espérance de vie s'est en effet améliorée deux fois plus vite en ville qu'à la campagne.

Anne-Firmine Mayala avec AFP
Rédigé le , mis à jour le
On vit plus longtemps en ville qu'à la campagne
On vit plus longtemps en ville qu'à la campagne  —  Le Mag de la Santé - France 5

Les écarts d'espérance de vie entre ruraux et urbains s'aggravent depuis 30 ans. C'est ce que constate une nouvelle étude publiée le 21 avril par l'Association des maires ruraux de France (AMRF).

Cette étude confiée au géographe Emmanuel Vigneron est une "mise à jour" d'une précédente, sortie en 2020, qui avait révélé un écart d'espérance de vie allant jusqu'à 2,2 ans chez les hommes habitant les zones très rurales par rapport à ceux du centre des grandes villes.

L’écart s’est réduit au cours des deux dernières années marquées par la pandémie de Covid, pour passer à 1,4 an entre 1990 et 2021 chez les hommes, et à 0,8 chez les femmes, contre 2,2 et 0,9 entre 1990 et 2019. De fait, de nombreuses études "ont montré que le Covid-19 a été plus létale en milieu dense", note le rapport.

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Un "retard de 15 ans" en milieu rural

Mais ces écarts "demeurent marqués entre départements ruraux et départements urbains", souligne l'étude, qui juge l'amélioration récente "plus conjoncturelle que structurelle".

Alors que ruraux et urbains "étaient égaux en 1990, la situation observée dans les départements ruraux en 2022 est comparable à celle mesurée avant 2010 en milieu urbain : soit un retard de 15 ans".

Ce qui signifie qu'au cours des 30 dernières années, l'espérance de vie "s'est améliorée deux fois plus vite en ville qu'à la campagne".

14 216 décès de plus par an en zone rurale

Selon une carte de l'indice comparatif de mortalité (ICM) à l'échelle des 1 666 bassins de vie, le facteur principal de risque de mortalité en France reste la géographie régionale, le Nord enregistrant un risque très supérieur à la moyenne nationale.

Mais à l'échelle d'un même département, cet ICM peut varier du tout au tout selon qu'on se trouve dans la ville-centre, en général une préfecture, qui concentre les services de santé, ou en milieu très rural.

Ainsi dans le Puy-de-Dôme, l'ICM, de 91 à Clermont-Ferrand, ne cesse d'augmenter à mesure qu'on s'éloigne de la ville. Au total, ce sont "14 216 décès par an en plus dans les zones rurales que ce qui serait attendu si l'espérance de vie y était identique à celle des villes".

L'étude révèle aussi des "effets de bordure" avec des zones de surmortalité situées "aux limites des départements et très souvent aux marges des régions à cheval sur deux ou trois départements", zones qualifiées de "délaissées".

L'AMRF, qui alerte régulièrement sur les déserts médicaux, formule plusieurs propositions, comme faciliter l'installation des professionnels de santé en vue de leur meilleure répartition géographique. 

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