On sait enfin pourquoi on attrape davantage de rhumes en hiver

Un nez qui a chaud se défend mieux contre les virus qu’un nez qui a froid, selon une nouvelle étude. Un constat qui contribue à expliquer les nombreux rhumes de l'hiver et qui incite à bien se couvrir le nez quand il fait froid !

Mathieu Pourvendier avec AFP
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Pour leurs tests, les scientifiques ont utilisé de la muqueuse nasale de bénévoles (qui subissaient une opération pour retirer des polypes), et une substance reproduisant une infection virale
Pour leurs tests, les scientifiques ont utilisé de la muqueuse nasale de bénévoles (qui subissaient une opération pour retirer des polypes), et une substance reproduisant une infection virale  —  Shutterstock

C'est bien connu, l'arrivée de l'hiver rime toujours avec saison des rhumes. Parmi les facteurs favorisant ces infections respiratoires courantes : des rassemblements plus fréquents en intérieur et des virus survivant mieux dans l'air plus sec entre quatre murs. Mais quant à savoir si les basses températures affaiblissent effectivement notre système immunitaire (et si oui comment), il existe moins de certitudes.      

Une étude publiée mardi 6 décembre dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology détaille une nouvelle façon pour notre corps d'attaquer les intrus. Et cette méthode fonctionne mieux lorsqu'il fait chaud.

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Un essaim de particules de défense dans le nez

Le point de départ est une précédente étude que Mansoor Amiji, professeur à l'université Northeastern et co-auteur de ces travaux, a mené en 2018. Il avait alors découvert que les cellules du nez libèrent des vésicules extracellulaires (VE), un nuage de minuscules particules attaquant les bactéries au moment de l'inhalation. "La meilleure analogie, c'est celle du nid de frelons", explique Mansoor Amiji. Comme des frelons défendent un nid en cas d'attaque, les VE volent en essaim pour s'attacher aux envahisseurs et les tuer.       

Ensuite, les chercheurs se sont posés deux questions : les VE sont-elles aussi sécrétées en cas de présence d'un virus ? Et si oui, leur réponse est-elle affectée par la température ?       

Pour leurs tests, les scientifiques ont utilisé de la muqueuse nasale de bénévoles (qui subissaient une opération pour retirer des polypes), et une substance reproduisant une infection virale. Premier résultat : les VE sont bien produites contre les virus.   

Une réponse moins efficace dans un nez froid

Pour répondre à la deuxième question, les muqueuses nasales ont été divisées en deux groupes, les cellules étant cultivées en laboratoire soit à 37°C, soit à 32°C.      

Ces températures ont été choisies à partir de tests montrant que la température à l'intérieur du nez chute d'environ 5°C lorsque l'air extérieur passe de 23°C à 4°C.    

Dans des conditions de température corporelle habituelle, les vésicules extracellulaires arrivaient bien à combattre les virus, en leur présentant des "leurres" auxquels ceux-ci s'accrochaient, à la place des récepteurs des cellules qu'ils auraient normalement visés. Mais avec une température réduite, la production de VE était moins abondante, et elles se révélaient moins efficaces contre les virus testés : deux rhinovirus et un coronavirus (non-Covid), courants durant l'hiver.

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Des nouveaux traitements contre les virus hivernaux ?

"Il n'y a jamais eu de raison très convaincante expliquant pourquoi il y a une augmentation claire de l'infectiosité virale durant les mois plus froids", a souligné Benjamin Bleier, co-auteur de l'étude et chirurgien à la Harvard Medical School, dans un communiqué cité par l'AFP. "Il s'agit de la première explication plausible quantitativement et biologiquement ayant été développée."    

Enfin, ces travaux pourraient permettre de développer des traitements pour stimuler la production naturelle de VE, afin de pouvoir mieux combattre les rhumes ou même la grippe et le Covid-19, selon Mansoor Amiji. "C'est un domaine de recherche qui nous intéresse énormément, et nous allons sans aucun doute continuer sur cette voie."

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