L'association France Lyme porte plainte contre la Spilf

L’association de patients accuse la Société de pathologie infectieuse de langue française de bloquer une évolution de la prise en charge. Mais la Spilf affirme qu’une majorité de patients sont en fait atteints d'autres pathologies.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
L'association France Lyme porte plainte contre la Spilf

 "La position de la Spilf, relayée par de très nombreux médecins, entraîne pour les malades des souffrances inutiles au lieu de les soulager et prolonge de ce fait les agonies des patients", affirme l'association France Lyme dans un communiqué publié le 2 août. Que reproche l’association à la société de pathologie infectieuse de langue française (Spilf), au juste ? D’après ces patients, le collège nie l’existence d’une maladie de Lyme "chronique".

Elle a donc décidé de porter plainte le 1er août. Elle met en cause la Spilf pour "mise en danger délibérée de la personne d'autrui, atteinte involontaire à l'intégrité d'autrui, non-assistance à personne en danger (et) commission de violences psychologiques". Elle vise également son président, le médecin infectiologue Pierre Tattevin.

Pourquoi ce n’est pas aussi simple

Les médecins concernés affirment pour leur part que la majorité des patients soignés pour "Lyme chronique" sont en fait atteints d'autres pathologies, ce qui retarde un traitement adapté. "Notre mobilisation, c'est justement pour essayer de protéger les patients de pratiques dangereuses, donc on ne peut pas nous accuser de non assistance à personne en danger", a réagi le Pr Tattevin.

Un "plan Lyme" a été lancé en 2016 pour améliorer la prévention, le diagnostic et la prise en charge de cette pathologie. Ce plan a abouti à l'élaboration de nouvelles recommandations par la Haute autorité de santé (HAS) en juin 2018, qui reconnaissent en particulier l'existence d'une "symptomatologie/syndrome persistant polymorphe après une possible piqûre de tique". Un plan que la Spilf a finalement refusé de valider.

Pourquoi ? D’après cette société savante, les patients qui présenteraient des "symptômes persistants" divers attribués à Lyme relèvent en très grande majorité d'"un autre diagnostic". Celui-ci serait le plus souvent lié à des troubles neurologiques, psychologiques ou articulaires. Faire suivre des cures d'antibiothérapies à ces patients, comme le préconise la HAS, est donc déconseillé, selon ces experts.

Une maladie à trois stades

La maladie de Lyme, transmise par les tiques, se guérit facilement lorsqu'elle est prise en charge tôt. Elle reste cependant difficile à détecter dans ses formes tardives. Environ trois à trente jours après la morsure de tique apparaît un érythème migrant, une tache rougeâtre qui s'étend lentement et qui disparaît spontanément au bout de trois à six semaines.

Le deuxième stade de la maladie correspond à une dissémination de la bactérie via les ganglions et le sang et peut se traduire par des troubles neurologiques, notamment des paralysies faciales, mais aussi de la fatigue ou des maux de tête. Le troisième stade, qui peut durer des années, se manifeste sous la forme de problèmes divers (cutanés, articulaires, etc.).