Coma : le patient qui avait retrouvé des signes de conscience minimale est mort

Les chercheurs lyonnais qui ont stimulé le nerf vague d’un patient en état d’éveil non répondant, avaient omis de déclarer que ce patient était mort depuis juin 2017.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Coma : le patient qui avait retrouvé des signes de conscience minimale est mort

Le 25 septembre 2017 dernier, une équipe de chercheurs lyonnais avait annoncé avoir fait récupérer à un patient en état de réveil non répondant, des signes de conscience minimale. Depuis quinze ans, le patient Guillaume T. était plongé dans le coma à la suite d'un accident de la route. Les chercheurs étaient parvenus à ce résultat en stimulant électriquement le nerf vague du patient pendant un mois. Leur étude scientifique, publiée dans la revue Current Biology le 25 septembre, avait fait l’effet d’une bombe dans la communauté scientifique et dans la sphère médiatique. Pourtant, les chercheurs n'avaient pas mentionné la mort de leur patient alors que celui-ci est décédé en juin 2017 d'une infection pulmonaire.

C'est le Professeur Marc Guénot, un des auteurs de l'étude, qui révéla par hasard au Parisien lors d'une interview le 27 septembre que "malheureusement" le patient "est décédé cette année, d’une complication pulmonaire". "Cela n’a strictement aucun lien avec la stimulation électrique", avait-il précisé lors de l'interview. 

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Peur de l'amalgame

Dans le journal le Monde daté du 3 octobre, le professeur Jacques Luauté, également auteur de l'étude, a expliqué que l’équipe scientifique a préféré cacher la mort du patient afin d’éviter "un amalgame" entre la stimulation électrique et le décès. Cette décision importante – de mentir par omission - avait été prise en concertation avec la famille. "On était arrivés à la conclusion que ce décès – sans lien avec l’expérimentation – était un événement familial intime. C’était une erreur, car il était évident qu’on nous demanderait ce que ce patient était devenu", déclare le professeur dans les colonnes du quotidien.

La mère de ce patient de 35 ans, a également accordé une interview au Monde où elle explique que l’expérimentation entre janvier et septembre 2016 a "été une très belle période". Elle a pu observer "des bénéfices" pour son fils, "il était beaucoup plus présent."

C’est en février 2017 que le jeune homme a commencé à présenter des apnées du sommeil, un possible effet secondaire dû à la stimulation du nerf vague. C’est une réaction bien connue chez les patients épileptiques résistants aux médicaments à qui on propose en dernier recours la stimulation du nerf vague. Quelques mois plus tard, le patient a eu une infection pulmonaire qui se compliqua très rapidement jusqu’à entraîner son décès. Néanmoins, aucune autopsie n’a été réalisée.