La tique à pattes rayées s’installe en France

La tique de l’espèce Hyalomma marginatum, ou tique à pattes rayées, progresse dans les régions du sud de la France. Elle ne représente pas de danger en elle-même mais peut véhiculer un virus à l’origine d’une fièvre hémorragique.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : Domaine Public / Auteur : Adam Cuerden

Une nouvelle tique sur le territoire français ? Le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) de Montpellier s’inquiète dans un communiqué publié le 19 juin de l’installation de la tique à pattes rayées, Hyalomma marginatum, dans plusieurs départements du sud de la France : les Pyrénées-Orientales, l’Aude, l’Hérault, le Gard, les Bouches-du-Rhône, le Var et même dans le sud de l’Ardèche. Selon le Cirad, la tique à pattes rayées "semble progresser depuis cinq ans dans ces régions méditerranéennes qui lui sont favorables."

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Une tique vectrice du virus CCHFV

Contrairement à l’espèce Ixodes ricinus, cette tique n’est pas vectrice de la bactérie responsable de la maladie de Lyme et l’arachnide en lui-même ne présente pas de danger pour la personne qu’il mord, rassure le Cirad. Principal risque observé en France : "sa piqûre peut causer une irritation qui persiste quelques jours, si la tique n'a pas été enlevée rapidement."

Néanmoins, la tique à pattes rayées peut transmettre le virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo (CCHFV), même si "toutes les tiques ne sont pas porteuses de ces agents infectieux et toutes les piqûres ne sont pas infectantes" précisent les spécialistes.

Décès dans 15 à 30% des cas

Ce virus n’a encore jamais été détecté en France, "bien que des sérologies positives aient été récemment signalées sur des bovins en Corse" note le Cirad. "En revanche, il est largement répandu en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient et en Turquie où il a récemment causé une épidémie. En Europe, il est présent en Crimée, en Roumanie et dans les Balkans, de la Grèce à l’Albanie. Il a récemment fait son apparition en Espagne" liste le Cirad.

Cette maladie se caractérise par une fièvre, des maux de tête et un malaise, puis par des symptômes gastro-intestinaux. Dans les cas les plus sévères, elle entraîne une hémorragie, un choc et une défaillance multiviscérale qui peut conduire au décès dans 15 à 30% des cas.

Principalement sur les animaux

La tique à pattes rayées mesure 8 mm de long et se reconnaît, comme son nom l’indique, aux rayures rouges et jaunes dessinées sur ses pattes. Et l’été est propice à l’observation et donc aux morsures puisque cet arachnide est présent dans les champs et dans la garrigue de mars à août. Habituellement, la tique adulte se fixe plutôt sur des chevaux, des bovins, des ovins, des caprins, des sangliers ou des chevreuils, sans présenter de danger pour eux.

Elle se nourrit du sang de l’hôte puis se détache, tombe au sol et, si c’est une femelle, pond dans l’environnement. Ce n’est qu’accidentellement que la tique à pattes rayées se fixe sur les humains, le plus souvent lorsqu’ils sont immobiles.

Décrocher la tique avant qu’elle ne se gorge de sang

Que faire alors, en cas de morsure ? Premier réflexe à avoir, valable pour toutes les espèces de tiques : "après une balade dans la nature, s'observer sur tout le corps pour détecter une tique accrochée" recommande le Cirad. Si une tique est accrochée, décrochez-la "le plus rapidement possible avant qu'elle ne commence à se gorger" de sang. "Le mieux est d'utiliser une pince à tique (tire-tiques)".

A défaut, utilisez vos doigts "en veillant à bien la prendre à la base entre le pouce et l'index" conseillent les experts. Désinfectez ensuite la zone de la morsure et surveillez pendant quelques jours. En cas de rougeur persistante, consultez un médecin.

Signalisation sur citique.fr

Pour l’heure, les chercheurs connaissent peu de choses sur l’histoire cette tique et sur sa récente propagation. "L’origine exacte de cette espèce, présente en Corse depuis plusieurs décennies, mais d’installation récente sur le continent, est encore inconnue" déplorent les spécialistes. "Nous étudions son installation, sa niche écologique, et sa tolérance à diverses températures, humidités, régimes de pluie, pour comprendre les facteurs qui expliquent son extension" indiquent dans le communiqué du Cirad Laurence Vial et Frédéric Stachurski, vétérinaires et chercheurs en parasitologie.

"Pour cette raison, nous sommes intéressés par tous les signalements faits par des éleveurs ou des particuliers qui la reconnaîtraient", notamment via le site internet citique.fr, un programme de recherche participative où les citoyens peuvent aider la recherche sur les tiques et les maladies qu’elles transmettent.