Un tiers des marins du Charles de Gaulle contaminés par le coronavirus

Le bilan à bord du porte-avions pourrait s’aggraver car les tests sont toujours en cours. Une escale à Brest mi-mars pourrait être à l’origine de la contamination. L’armée a ordonné une enquête de commandement pour élucider l’affaire.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Image d'illustration. Le porte-avions Charles de Gaulle au large de Chypre en mars 2019.
Image d'illustration. Le porte-avions Charles de Gaulle au large de Chypre en mars 2019.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / Joris van Boven

L’épidémie de coronavirus n’épargne pas le porte-avions Charles de Gaulle, où plus d’un tiers des marins ont été testés positifs au Covid-19. La découverte de contaminations à bord a entraîné le retour précipité du bâtiment nucléaire français (1.750 marins) et de la frégate de défense aérienne qui l'accompagnait (200 marins) au port de Toulon le dimanche 12 avril 2020, avec deux semaines d’avance.

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31 marins hospitalisés, dont un en réanimation

"En date du 14 avril au soir, 1.767 marins du groupe aéronaval ont été testés. La grande majorité de ces tests concerne à ce stade des marins du porte-avions. 668 se sont révélés positifs", indique le ministère des Armées dans un communiqué. Parmi eux, "31 sont aujourd'hui hospitalisés à l'hôpital d'instruction des armées Sainte-Anne de Toulon, dont un en réanimation", est-il précisé. 
Ce bilan temporaire est amené à gonfler encore car "30% de ces tests n’ont pas encore livré leurs résultats" et "la campagne de tests est encore en cours", selon le ministère. 

Isolement sanitaire et désinfection

Les marins ont été placés en isolement sanitaire pendant 14 jours avant de pouvoir regagner leur foyer. En parallèle, "les opérations de désinfection des aéronefs et des bâtiments de surface ont débuté", menées par les armées en lien avec des industriels, souligne le ministère. La ministre Florence Parly "adresse un message de soutien aux marins confinés et à leurs familles et remercie tous les élus locaux pour leur implication".

Escale et relève de 50 personnes mi-mars

Mais comment le virus est-il arrivé sur le porte-avions ? L’origine de la contamination n'est pas encore connue. L'équipage n'avait pas été en contact avec un élément extérieur depuis une escale à Brest, dans l'ouest de la France, du 13 au 15 mars, juste avant le début du confinement. Les marins avaient pu descendre à terre, mais en respectant les gestes barrières et l'interdiction des rassemblements de plus de 100 personnes en vigueur à l'époque. 
Parallèlement, une relève d'une cinquantaine de personnes a embarqué lors de cette escale, de source proche du dossier.

Enquête de commandement

L'armée avait indiqué la semaine dernière qu'aucune "erreur d'appréciation" n'avait été constatée. Le chef d’état-major de la Marine française, l'amiral Christophe Prazuck, a désormais "ordonné une enquête de commandement afin de tirer tous les enseignements de la gestion de l'épidémie au sein du groupe aéronaval", selon le ministère.

"L’armée a joué avec notre santé"

Plusieurs médias citaient le 15 avril des témoignages de marins ou de proches soulevant, sous couvert d'anonymat, des questions sur la gestion de la crise à bord.
Le site Médiapart affirme avoir identifié deux cas de marins présentant des symptômes sans être confinés. "À partir du 3 ou 4 avril, la situation a empiré très rapidement", selon le proche d'un marin. 
France Bleu a pour sa part publié le témoignage d'un membre d'équipage, père de famille, testé positif.  "L'armée a joué avec notre santé, notre vie", a-t-il estimé, en assurant que le commandant du porte-avions aurait proposé d'interrompre la mission à Brest, quand plusieurs marins présentaient selon lui déjà les symptômes du coronavirus. Toujours d'après ce marin anonyme, cette proposition aurait été refusée par le ministère. 

Des effets amplifiés dans les bâtiments militaires

L'actuelle pandémie de Covid-19 a des effets particulièrement amplifiés dans les bâtiments militaires où des équipages nombreux s'entassent dans des volumes réduits et où l'isolement et le débarquement des malades sont compliqués à mettre en œuvre.
Le Charles de Gaulle est le second porte-avions contaminé officiellement dans le monde, après le porte-avions américain USS Theodore Roosevelt, dans le Pacifique, sur lequel un marin est mort du coronavirus le 13 avril.