Un risque accru de covid chez les vapoteurs ?

Les utilisateurs de cigarette électronique seraient plus à risque de contracter le covid. Une inflammation des poumons proche de celle des fumeurs et le non-respect des gestes barrières pourraient expliquer ce phénomène.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : Flickr / © Vaping360

La cigarette électronique augmente-t-elle les risques de souffrir du covid ? Selon des chercheurs des universités américaines de Stanford et de San Francisco, les jeunes adultes qui vapotent auraient cinq fois plus de risque de contracter le covid que les jeunes qui ne fument pas et ne vapotent pas.

L’étude qu’ils publient dans le Journal of Adolescent Health s’appuient sur une enquête réalisée en mai 2020 auprès de 4.351 adolescents et jeunes adultes américains, âgés de 13 à 24 ans en mai 2020.

Dans ce groupe de personnes, les chercheurs comptent cinq fois plus de diagnostic covid chez les vapoteurs que chez les non-fumeurs, et sept fois plus chez ceux qui alternent tabac et vapotage. "Notre étude menée à l’échelle d’une population fournit la preuve que les jeunes qui utilisent des cigarettes électroniques et qui font un double usage des e-cigarettes et des cigarettes sont davantage exposés au risque de covid-19" écrivent les chercheurs dans leur publication.

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Les fumeurs de cigarette ne sont pas protégés

Mais comment expliquer ces observations ? Le problème du vapotage pourrait être le même que celui du tabac : une inflammation pulmonaire chronique qui rend les poumons plus vulnérables aux infections. En effet, après un premier espoir d’une protection par la nicotine, les dernières publications, dont une méta-analyse portant sur 19 études, montrent au contraire que le tabac est bien un facteur de risque de formes graves du covid-19.

Les scientifiques savent d’ailleurs depuis des décennies que les fumeurs sont plus sensibles aux maladies pulmonaires, et par exemple plus susceptibles d’être hospitalisés en cas de grippe que les non-fumeurs. Cela s’explique par l’inflammation chronique des poumons et le rétrécissement des voies respiratoires que provoque l’inhalation des fumées de cigarettes.

Inflammation des poumons

Et si les connaissances sur le vapotage sont encore rares, des tendances similaires ont déjà été observées. Les vapeurs de cigarette électronique sont par exemple connues pour augmenter la vulnérabilité de l’organisme aux bactéries et au virus et provoquer des poussées inflammatoires... au moins chez les souris.

"La cigarette et la cigarette électronique endommagent toutes les deux le système respiratoire, augmentant potentiellement le risque de présenter des symptômes au covid-19, un diagnostic positif et des résultats sanitaires exacerbés" notent ainsi les chercheurs dans leur étude qui s’inquiètent d’un risque accru de formes sévères chez les vapoteurs comme chez les fumeurs.

Les additifs dans le viseur des scientifiques

Pour les cigarettes électroniques, une piste de réflexion porte notamment sur un effet des additifs, comme les métaux lourds et l’acétate de vitamine E. Ces substances possèdent "des effets néfastes sur la fonction pulmonaire". Les autorités sanitaires avaient d’ailleurs alerté sur plusieurs cas de pneumopathies sévères, voire mortelles, liées au vapotage en 2019, avant l’arrivée du covid.

Et des poumons altérés par un contact répété avec ces produits pourraient être plus sensibles aux infections.

Un contact mains-bouche répété

Autre explication possible, pour les chercheurs : "le covid-19 se propage par le contact répété des mains et de la bouche ou du visage, ce qui est courant chez les utilisateurs de cigarettes électroniques" notent-ils dans leur publication.

Ensuite, "les personnes qui vapotent le font souvent de façon sociale, en partageant un même espace et un même matériel" explique également au New York Times Bonnie Halpern-Felsher, professeure de pédiatrie à l’université de Stanford et co-autrice de l’étude.

Enfin, dernière piste qui relève du bon sens : quand on vapote, comme quand on fume, on ne porte pas de masque et on se prive donc d’un geste barrière efficace contre le coronavirus.