Covid : cinq questions sur les tests salivaires

La Haute Autorité de Santé a rendu un avis favorable aux tests salivaires pour les patients symptomatiques du covid. Ces tests repèrent la présence du virus dans la salive lorsque la personne contaminée est contagieuse.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / anyaivanova

Alors que les files d’attente s’allongent encore devant les laboratoires d’analyses, la Haute Autorité de Santé (HAS) a rendu le 18 septembre un avis favorable aux tests sur prélèvement salivaire pour les personnes présentant des symptômes du covid.

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Quelle méthode de prélèvement ?

En pratique, deux méthodes sont possibles pour réaliser ces tests : le prélèvement de la salive avec une pipette ou le crachat dans un tube. Il "peut être fait en médecine générale, on peut le faire chez soi, il suffit comme pour un test urinaire de l'apporter au laboratoire", précise la professeure Dominique Le Guludec, présidente du Collège de la HAS, dans une conférence de presse en ligne.

Le risque, avec l’auto-prélèvement, est qu’il ne soit pas réalisé correctement, que l’extérieur du tube soit contaminé ou encore qu’il ne soit pas conservé dans des bonnes conditions avant d’être déposé au laboratoire, s’inquiète François Blanchecotte, président du Syndicat des Biologistes (SDB). "Personnellement, je m’oppose totalement au prélèvement par crachat en ambulatoire" nous confie-t-il.

Moins douloureux que par PCR ?

Une fois la salive prélevée, le test permet d’y déceler la présence du matériel génétique du coronavirus. L’avantage : c'est plus facile, plus rapide et moins désagréable que le prélèvement actuel de référence, le test PCR nasopharyngé, qui nécessite l’introduction d’un long écouvillon dans le nez du patient. C’est pourquoi la HAS "conseille de réserver (les tests salivaires) en priorité à ceux pour qui le test dans le nez est difficile": enfants qui ont une rhinite, personnes très âgées ou patients présentant des troubles psychiques par exemple.

Quelle fiabilité ?

A condition que ces personnes aient des symptômes du covid (fièvre, toux, maux de tête, perte du goût ou de l’odorat…). Car chez les personnes sans symptômes, "on raterait plus de 75% des infections" à cause de performances insuffisantes, selon la professeure Le Guludec.

Mais même chez les symptomatiques, "le virus n’est présent dans la salive d’un patient que lorsqu’il est contagieux" rappelle François Blanchecotte. "Le test par prélèvement salivaire perd donc de sa fiabilité et de sa qualité dès qu’on s’éloigne de la période de contagiosité" poursuit le président du SDB, qui s’inquiète que ces tests ne laissent "passer des gens à travers les mailles du filet".

Quels délais d'attente avant les résultats ?

Pour détecter la présence du virus dans la salive, la technique est la même que pour les tests réalisés par prélèvement nasopharyngé. Elle nécessite donc autant de temps d’analyse – 24 heures pour un patient prioritaire – et mobilise le même matériel et le même personnel.

Malgré cela, la généralisation des tests salivaires pourrait réduire les queues devant les laboratoires et les délais d’obtention des résultats, car le prélèvement en lui-même pourrait être plus rapide que pour les tests nasopharyngés.

Bientôt disponibles ?

Même si la HAS a rendu un avis favorable, il faut encore attendre avant que ces tests soient effectivement disponibles. L’Assurance maladie devrait se prononcer sur leur remboursement dans les prochains jours et les tests devraient être accessibles en laboratoires "fin septembre ou début octobre", annonçait le 15 septembre sur LCI le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy.

Mais attention à ne pas vouloir aller trop vite, alerte François Blanchecotte : "aujourd’hui nous n’avons pas d’avis des industriels sur ce test, pas de validation du marquage CE ni de l’Agence du médicament (ANSM), aucune recette sur la conservation des cellules vivantes issues de ce type d’échantillonnage" liste-t-il. "Les autorités politiques et administratives subissent beaucoup de pression mais il ne faudrait pas qu’elles autorisent ces test avant qu’ils soient validés " s’inquiète enfin François Blanchecotte.

Pour lui, d’autres pistes doivent aussi être étudiées pour désengorger les laboratoires et limiter les délais : "se rééquiper en machines d’analyse" et "arrêter de tester plusieurs fois les patients positifs" propose-t-il enfin.