Covid-19 : faut-il avoir peur des chauves-souris de nos jardins ?

Les chauves-souris ont été désignées comme les grandes coupable de la transmission du coronavirus au début de l'épidémie. Elles sont suspectées d’être des réservoirs à virus. Mais ce n’est pas si simple...

Rym Ben Ameur
Rédigé le , mis à jour le

Les données laissent penser que l’animal réservoir du SARS-CoV-2 était la chauve-souris, le ou les hôtes intermédiaires étant pour le moment inconnus. Doit-on donc pour autant avoir peur des chauves-souris que l'on peut voir dans nos jardins ?

Le Dr Eric Leroy, virologue et directeur de recherche à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), explique qu’à l’heure actuelle, on sait que certaines espèces de chauves-souris hébergent de façon asymptomatique des virus très proches du coronavirus. D’où l’hypothèse qu'elles seraient le réservoir de ce virus. Il n'y a pourtant pas eu à ce jour d’étude spécifique prouvant que la chauve-souris ait été directement à l’origine de la transmission à l’homme de ce coronavirus.  

Plusieurs scénarios sont envisagés :  

  • Le premier est celui d'une transmission directe, qui aurait pu se produire par exemple quand les chauves-souris sont tuées et manipulées pour être mangées comme c’est le cas en Asie.
  • Un autre scénario fait état d’une transmission indirecte, avec l’intervention d’un hôte intermédiaire, qui pourrait être le pangolin, un animal aussi très consommé en Asie.
  • La dernière piste serait un mélange des deux : un virus qui serait une recombinaison génétique entre un virus de pangolin, et un virus de chauve-souris, et qui aurait pu infecter l’être humain.   

Dans tous les cas, la contamination aurait eu lieu via la consommation de ces animaux, lors de la découpe, ou tout autre manipulation...

Est-ce que les chauves-souris en France représentent un risque ? 

D'après le Dr Eric Leroy et plusieurs spécialistes de ces mammifères, on est proche du risque zéro. Chez nous, l’homme n’a jamais été contaminé par une chauve-souris. 

Le coronavirus qui sévit en ce moment n’est pas présent chez les animaux de nos régions. De plus, il n’y a pas d’espèces qui pourraient jouer le rôle d’intermédiaire entre l’homme et la chauve-souris. 

Enfin, notre mode de vie exclut les contacts physiques directs avec ces animaux. Même s’ils sont dans les combles ou les toits, il y a quand même une certaine distance qui empêche la contamination par la voie aérienne. Et évidemment, on ne les mange pas.  

La société française pour l’étude et la protection des mammifères a publié un communiqué afin de rassurer les gens inquiets. Elle précise bien qu’il n’y a pas de risque mais rappelle aussi l’importance qu’ont ces bêtes dans l’écosystème : elles jouent un rôle majeur dans la pollinisation et donc dans la survie de très nombreuses espèces de plantes et d’arbres. 

Il faut savoir que les chauves-souris sont des espèces protégées. Leur faire du mal, détruire leurs habitats ou les manipuler peut vous coûter 1 an d’emprisonnement et 15 000 € d’amende. On les laisse donc tranquille et on ne s’inquiète pas.