Coronavirus : le même traitement que l'hépatite C ?
Une combinaison de deux médicaments, habituellement utilisés dans le traitement de l'hépatite C, s'est avérée efficace chez des singes infectés par le virus su syndrome respiratoire su Moyen-Orient, selon des chercheurs. Ce traitement pourrait être envisagé chez des patients.
Le pèlerinage musulman à la Mecque approche alors que le virus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) ne cesse de sévir dans cette partie du globe. L'Arabe saoudite comptabilise en effet, à elle seule, 96 cas dont 47 décès, tandis que le Qatar a annoncé pour sa part deux décès ces derniers jours.
Les origines de ce coronavirus (MERS-Cov) ne sont pas totalement certaines. Et, en l'absence de traitement efficace, une pandémie pourrait s'avérer désastreuse.
Un traitement contre l'hépatite C pour combattre le coronavirus
Une équipe conduite par Heinz Feldmann des Instituts nationaux de la santé (NIH) a décidé d'administrer une combinaison de deux médicaments, habituellement réservée au traitement de l'hépatite C - une inflammation des cellules du foie provoquée par le virus VHC -, à des singes infectés par le virus.
Leurs travaux ont été publiés, le 8 septembre 2013, dans la revue Nature Medicine. Il s'agit du médicament interféron alpha-2b. Une substance que le corps produit spontanément quand il est agressé par un virus. Et, la ribavirine, un traitement de lutte contre le virus de l'hépatite C.
Selon les auteurs, l'association de ces deux médicaments a permis de limiter la multiplication du coronavirus (MERS-CoV) chez des singes macaques rhésus. Une combinaison qui a également freiné les réactions d'inflammation et réduit le risque de pneumonie chez les singes traités par comparaison avec ceux non traités. En effet, le virus MERS se manifeste par des problèmes respiratoires, une pneumonie et une insuffisance rénale rapide.
En l'absence de vaccin et traitement efficace de l'infection par ce coronavirus qui entraîne une mortalité élevée, les auteurs envisagent cette combinaison "comme une thérapie précoce" chez les patients.
Une option certes, mais pas sans risques
Pour mettre en évidence leur conclusion, les médecins ont infecté les singes avec le virus, puis injecté à la moitié d'entre eux le traitement assez rapidement (huit heures après l'infection), ainsi que des doses supplémentaires à intervalles réguliers dans les trois jours suivant l'injection virale. Les animaux ont ensuite été sacrifiés pour effectuer divers examens (recherche de réplication virale, de marqueurs d'inflammation, de lésions d'organes).
Le macaque rhésus est le seul animal servant de modèle d'étude de la maladie humaine. Connu pour jouer le rôle de cobaye, le macaque rhésus a servi à fabriquer le premier sérum permettant de tester les groupes Rhésus. Néanmoins, les auteurs relativisent face à l'évolution de la maladie. Etant donné sa sévérité et sa gravité, ce cocktail thérapeutique ne représenterait qu'une option pour les patients.
Par ailleurs, ces médicaments provoquent des effets indésirables. L'interféron entraîne des maux de tête, de la fièvre, des courbatures et des douleurs. Il est aussi responsable d'irritabilité et de dépressions qui peuvent avoir de graves conséquences. Quant au ribavirine, il peut être responsable d'une anémie et générer une fatigue invalidante.
Le nouveau virus, désigné par l'OMS comme le coronavirus (CoV) du Syndrome respiratoire du Moyen-Orient (Middle East Respiratory Syndrome, MERS), appartient à la même famille que le virus du Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), qui avait fait près de 800 morts dans le monde en 2003.
Depuis septembre 2012, selon un bilan émis samedi 7 septembre 2013, l'OMS a recensé 54 décès sur un total de 114 cas confirmés de contamination par le coronavirus.
Etude de référence : Treatment with interferon-α2b and ribavirin improves outcome in MERS-CoV–infected rhesus macaques, Nature Medicine(2013), doi:10.1038/nm.3362
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